Pour les uns on la gagnera en préservant les salaires pour maintenir la consommation, pour les autres en augmentant les profits pour soutenir l’investissement. Bref on se bat à l’ancienne sur le partage de la valeur ajoutée entre salaires et profits. Malheureusement c’est un combat d’arrière garde ! Il se suffit plus, comme dans un cycle de croissance ordinaire, de rectifier ce partage pour relancer la croissance.
Ce cycle de croissance est épuisé. Finie la relance de la vieille croissance, il faut en lancer une nouvelle !
Pour toutes sortes de raison, on ne pourra plus vivre et consommer comme on a pris l’habitude de la faire : il faudra satisfaire nos besoins tout autrement si l’on veut encore de la croissance ! Car la croissance, c’est celle de la satisfaction de nos besoins !
Il est passionnant de réfléchir à une nouvelle façon de satisfaire les besoins ! Et c’est surtout possible, car les technologies numériques offrent de très nouvelles possibilités inexplorées. Mais ni les politiques ni les économistes n’osent vraiment s’en mêler, préférant laisser « la main invisible » faire son œuvre.
C’est dommage car les produits de cette nouvelle économie sont désormais identifiables. Ils naissent lentement dans le plus grand désordre. Par exemple si l’on veut aller d’un point A à un point B, on voit que l’on pourra un jour le faire, non seulement comme aujourd’hui avec sa voiture, mais en empruntant de façon fluide divers moyens de transport collectifs ou individuels partagés qui seront indiqués sur notre téléphone ou notre tablette.
De même, à nos domiciles, nous n’achèterons plus les biens d’équipement ménagers ou multi-media, mais des mises à disposition simples et efficaces de ces biens. On les pilotera à partir d’une télécommande unique (fermeture automatique des volets, ouverture de portes sans clés, mise en veille des appareils consommateurs d’énergie…), éventuellement à distance (ouverture du chauffage de la maison de campagne…). Leur entretien se fera sans intervention du consommateur car leurs pannes seront détectées à distance.
De très nombreux travailleurs qualifiés, dont on sait désormais organiser le travail à distance, nous apporterons au domicile leurs compétences pour utiliser ces biens, mais plus généralement nous délivrerons tous les savoirs et savoir-faire dont nous avons besoin chez nous.
Ainsi nous vivrions tellement mieux ! En plus il y aurait de quoi retrouver le plein emploi. En effet, si chaque Français avait besoin, dans le cadre de ces nouvelles solutions, d’une heure de travail d’un salarié venant à son domicile par semaine, le calcul montre que cela permettrait de créer 2 millions d’emplois à temps plein. Par ailleurs, les biens « encapsulés » dans ces « solutions » étant différents des biens achetés (une voiture ou un vélo en auto-partage ne sont pas de simples vélos et de simples voitures), ils permettraient de créer une nouvelle industrie naturellement abritée des pays émergents dont les consommateurs qui n’ont rien, comme nous au siècle dernier, commenceront par acheter des biens. Enfin en produisant tout autrement, on pourrait produire proprement !