Doit-on y voir une vengeance venue d'outre-Rhin suite aux attaques frontales du Parti socialiste français contre la politique économique d'Angela Merkel ?
Toujours est-il que vue la densité de ce rapport, il n'a pas été rédigé en seulement deux jours. Accusée par le PS d'étouffer la croissance européenne pour des motifs "égoïstes", Angela Merkel a permis au ministère allemand de l'Economie de révéler un rapport assassin sur la situation économique de la France. Et vu de chez nos voisins, ce n'est pas brillant…
Des extraits de ce rapport, interne, rendu public par le quotidien allemand Handelsblatt, portent un jugement plutôt sévère sur les finances et la croissance française. Chose étonnante, ce rapport purement interne n'était à l'origine pas destiné à être publié. Un peu comme la fuite des équipes de Jean-Christophe Cambadélis… Quand Berlin rappelle à l'ordre Paris.
"L'industrie française perd de plus en plus en compétitivité, la délocalisation à l'étranger des entreprises se poursuit" décrit ce rapport rédigé par les équipes du libéral Philipp Rösler, actuel président du Parti libéral-démocrate allemand. La publication en une de ce rapport n'arrange en rien les relations franco-allemandes, pour le moins tendues. Et alors que Berlin, comme Paris, tentent à tout prix de minimiser ces tensions, la presse allemande voit dans les attaques du PS une manière de détourner l'attention des réformes nécessaires qui ne sont toujours pas mises en oeuvre de notre côté de la frontière.
En témoigne la réaction d’Andreas Schockenhoff [vice-président du groupe CDU au Bundestag NDLR] : "Ces attaques montrent avant tout le désespoir dans lequel se trouvent les socialistes français du fait que, même un an après leur arrivée au pouvoir, ils ne trouvent aucune réponse convaincante aux problèmes économiques et financiers de leur pays."
Car on le sait désormais. Le gouvernement de François Hollande ne respectera pas cette année le plafond du déficit public imposé par les règles européennes. Avec ces soubresauts diplomatiques, le président de la République va devoir courber encore plus le dos et demander encore plus de clémence vis-à-vis de ses partenaires européens. Une conciliation qui passerait par des réformes structurelles, et par un respect du pacte de stabilité en 2014.
Or à ce sujet, le gouvernement a déjà lancé des appels du pied à la France en assurant de son aide notre pays qui reste son partenaire économique le plus important. François Hollande doit donc recadrer le tir au plus vite. Sans quoi le divorce avec l'Allemagne pourrait être imminent et le traditionnel couple franco-allemand pourrait bien se transformer en un couple germano-britannique, comme le craignent certains experts...