Encore une réforme des retraites ! Et le débat tourne toujours en rond entre progression des cotisations, diminution des pensions et hausse de l'âge de départ à la retraite...
Soulignons d'abord que l'emploi des seniors ne se décrète pas. De nombreuses entreprises vont continuer de pousser les plus de 50 ans hors de l'emploi, tout en proposant aux jeunes des parcours d'entrée semés de stages non ou peu rémunérés, puis de CDD plus ou moins renouvelables. Aujourd'hui plus de 60 % des 55-64 ans sont hors de l'emploi. Et les seniors sont particulièrement touchés par la hausse du chômage. Rappelons qu'à mesure que notre espérance de vie a augmenté, notre espérance de vie professionnelle a diminué. Il y a comme un paradoxe... La société Française n'est pas orientée vers l'emploi. Même avec un retour de la croissance.
Certes, il y a des avancées comme de permettre aux jeunes de racheter des années d'études pour les inclure dans leur temps de cotisation.
Le Gouvernement Ayrault a aussi mis en place les contrats de génération qui de fait valorisent l'expérience des seniors et favorisent une sensibilisation à la complémentarité des âges. Pour une fois, on sort de la logique des vases communicants pour privilégier l'interdépendance des qualités... C'est déjà un sacré progrès. Mais son effet sur l'emploi sera microscopique.
Une réforme des retraites digne de ce nom nécessite de sortir de la complexité des régimes qui crée des inégalités et rend presque impossible toute évaluation en amont de sa propre retraite
Une réforme structurelle des retraites devrait s'appuyer sur la réalité des modes de vie des personnes. Il faut penser le temps de travail sur toute la vie. Alors que la notion de formation tout au long de la vie commence à se développer, il serait cohérent de considérer le temps de travail non pas sur une année mais sur l'ensemble de la vie professionnelle. Une personne peut très bien choisir de travailler 40-45 heures pas semaine durant cinq ans, et 25 heures, les cinq années suivantes en fonction de ses priorités, de son environnement personnel ou familial, ou encore de ses projets. Il s'agit ainsi de personnaliser le temps de travail. De la même façon, le management doit prendre en compte la diversité en s'adaptant aussi à l'âge des personnes qui composent le collectif, en prenant en compte la densité et la pluralité de l'expérience plutôt que de rester focalisé sur le diplôme et la fonction. Dans cette optique, il deviendrait possible d'effectuer ses dernières années de vie professionnelle en réduisant progressivement le volume horaire. Ce qui aurait, aussi, pour effet de d'adoucir le passage à la retraite qui est parfois une rupture difficile à vivre.
Dans cette logique, pourquoi ne pas favoriser le passage des salariés expérimentés vers des métiers de service et d'accompagnement où la qualité émotionnelle et la capacité de recul sont cruciales ?
La question des retraites n'est pas un sujet démographique, mais bien de société.