Que l’on soit enfant d’enseignants, de cadres ou d’ouvriers change considérablement la donne : « Sur 100 jeunes entrés en 6e en 1995, 44 sont désormais titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Cette part, qui s’élève à 76 % pour les enfants d’enseignants ou de cadres, n’est que de 31 % pour les enfants d’ouvriers qualifiés et 20 % pour les enfants d’ouvriers non qualifiés », indique l’Insee.
Obtenir un diplôme n’est donc pas donné à tout le monde, et nombreux sont ceux qui ne dépassent pas l’étape du bac+2 : « Pour les jeunes issus de milieux d’enseignants ou de cadres, le diplôme obtenu est plus souvent de niveau bac+5 ». Selon le rapport, un fils de d’ouvrier a deux fois moins de chances d’y arriver. Une différence est aussi établie selon le sexe de l’étudiant. Le rapport indique que 50% des filles en 6e en 1995 ont été diplômés contre 38% des garçons.
Ces écarts se creusent selon l’origine sociale au fil de la scolarité : « Un enfant d’ouvrier non qualifié ou de parents inactifs a environ deux fois moins de chances d’obtenir le baccalauréat qu’un enfant de cadre ou d’enseignant (et cinq fois moins de chances d’obtenir un baccalauréat général), et presque dix fois moins de chances d’obtenir un diplôme de niveau bac+5 », précise l’Insee.
« Parmi les jeunes entrés en 6e en 1995, près de 90 % des enfants d’enseignants ou de cadres supérieurs ont eu un baccalauréat, contre 40 % des enfants d’ouvriers non qualifiés, tous baccalauréats confondus », affirme l’Insee. Mais là encore, il faut savoir de quoi on parle, car tous les bacs ne se valent pas. Selon l’institut, seuls 20% des enfants d’ouvriers ou de chômeurs obtiennent un baccalauréat général. Une inégalité qui serait plus forte encore pour le baccalauréat scientifique : cette fois-ci, ils ne sont plus que 10% à y avoir accès.
Or, selon l’Insee, les différences de parcours dans le supérieur sont très marquées selon le baccalauréat obtenu : « Plus de 40 % des bacheliers généraux (et plus de 50 % des bacheliers S) obtiennent un diplôme de niveau bac+5, contre 10 % des bacheliers technologiques et 1 % des bacheliers professionnels ». Les titulaires d’un baccalauréat professionnel ou technologique ne vont que très rarement au-delà du bac+3.
Ces inégalités ne font que confirmer un état des lieux déjà très inégalitaire dès la 6e : « Les enfants de milieux sociaux favorisés ont dès la 6 de meilleurs résultats scolaires », expliquent les experts de l’Insee. « Ainsi, aux épreuves d’évaluation à l’entrée en 6e, les trois quarts des enfants de cadres font partie de la moitié des élèves qui ont le mieux réussi, contre à peine un tiers des enfants d’ouvriers ». Égalité des chances à l’école ? Une idée plus qu’une réalité.
Car c’est au primaire que les bases sont posées. Un élève à l'aise dès la 6e n’aura pas trop de difficultés pour le reste de sa scolarité. À l’inverse, « les jeunes arrivés au collège avec un an de retard (ou plus) ou dont les performances en français et en mathématiques les plaçaient parmi les élèves les plus faibles, ont rencontré dans leur scolarité secondaire des difficultés qui leur ont rarement permis d’atteindre le baccalauréat : seul un sur dix a obtenu un diplôme d’enseignement supérieur et quasiment aucun d’entre eux n’est parvenu au niveau bac+5 », révèle l’Insee. Triste constat pour l’école de la République.