La crise grecque ? La faute aux Grecs !

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Par JOL Press Publié le 4 décembre 2012 à 17h05

L'annonce de la dégradation de la note souveraine de la France par Moody's relance le débat sur l'importance des agences de notation. Mais Marc Ladreit de Lacharrière, patron de l'agence Fitch Ratings, s'interroge : « Le thermomètre est-il responsable de la fièvre ? » Extraits de son livre « Le droit de noter : Les agences de notation face à la crise », publié chez Grasset.

Qui veut la mort des agences de notation ? Pourquoi les a-t-on désignées comme les principales responsables de la crise de la dette européennes ? Accusées de n'avoir pas vu venir l'explosion de la bulle immobilière américaine, on leur reproche aujourd'hui d'avoir aggravé la situation de la zone euro en affolant les marchés. Mais quel est leur rôle précisément ? Sont-elles coupables de ces crises successives, ou les boucs émissaires que nos dirigeants accusent volontiers ? Le thermomètre est-il responsable de la fièvre ? Et si la crise de la zone euro durait dix ans ? Pour la première fois, Marc Ladreit de Lacharrière prend la parole.

Alors qu’explose la crise européenne de la dette, il faut trouver d’urgence un bouc émissaire. Les coupables étaient tout désignés : une fois de plus, ce sont les agences de notation ! Les agences sont mises en cause pour avoir osé dire la vérité sur la situation économique et financière des pays de la zone euro. Cette fois-ci, c’est avec Fitch que s’ouvre le bal. Fitch qui a osé humilier ce beau pays qu’est la Grèce, berceau de la civilisation occidentale, en dégradant une nouvelle fois sa note le 8 décembre 2009. Fitch qui a eu le culot d’affirmer publiquement que l’économie parallèle y était la plus importante d’Europe, privant l’État de ressources fiscales pourtant bien nécessaires. Fitch qui a surtout révélé que le gouvernement grec truquait les comptes publics.

Le problème grec est essentiellement dû aux Grecs. Idem pour l’Irlande, le Portugal et d’autres pays européens. Les agences de notation ne sont en rien responsables de leur mauvaise gestion. Si nous ne les avions pas montrés du doigt, quand ces pays auraient-ils consenti à assainir leurs comptes publics ? Quand se seraient-ils résignés à prendre les mesures qui fâchent ? Le plus tard possible, de toute évidence, et le dos au mur. La mise en œuvre de politiques économiques destinées à redresser les finances publiques aurait alors été plus douloureuse encore. Les dirigeants du sud de l’Europe devraient relire Louis-Ferdinand Céline : « On ne meurt pas de dettes. On meurt de ne plus pouvoir en faire »…

« Le régime financier de la Grèce est tellement extraordinaire […] que je crois nécessaire […] de placer ici quelques observations générales. La Grèce est le seul exemple connu d’un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance. […] Tous les budgets, depuis le premier jusqu’au dernier, sont en déficit. Il a fallu que les puissances protectrices de la Grèce garantissent sa solvabilité pour qu’elle négocie un emprunt à l’extérieur. Les ressources fournies par cet emprunt ont été gaspillées par le gouvernement sans aucun fruit pour le pays ; et, une fois l’argent dépensé, il a fallu que les garants, par pure bienveillance, en servissent les intérêts : la Grèce ne pouvait point les payer. » Voici ce qu’écrivait Edmond About dans un livre intitulé La Grèce contemporaine et publié par Hachette en 1854. Il n’y a donc rien de bien nouveau sous le soleil grec.

Le droit de noter : Les agences de notation face à la crise, Grasset (24 octobre 2012). Article paru chez notre partenaire JOL Press.

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