Mieux comprendre les chiffres du chômage de l’INSEE

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Par Alexandre Judes Publié le 24 mai 2019 à 5h21
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@shutter - © Economie Matin
8,7%Le chômage s'établirait à 8,7% en France.

L'INSEE a révélé jeudi 16 mai ses chiffres trimestriels du chômage en France. Au-delà du pourcentage global de 8,7% annoncé, les statistiques de l’INSEE permettent de mieux appréhender les facteurs économiques impliqués dans la dynamique de l’emploi en France, si tant est qu’on en connaisse les différentes nuances.

1. S’intéresser de près aux méthodologies de calcul du chômage

La publication de cette semaine est d’autant plus importante que la précédente baisse de 0,3 point annoncée en février portait le chômage à 8,8% en France, soit son plus bas niveau depuis 2009.

Les économistes s’étaient montrés surpris au regard de la faible création d’emplois sur le quatrième trimestre 2018. Si les chiffres de Pôle Emploi pour ce début d’année incitent à l’optimisme, avec une baisse de 0,7% du nombre de chômeurs en catégorie A au premier trimestre 2019, il convient de remettre en perspective les méthodes de calcul de ces deux organismes : l’INSEE se base sur la méthodologie du Bureau International du Travail (BIT), alors que Pôle Emploi exploite le nombre de personnes inscrites en son sein. Il n’est donc pas surprenant que ces chiffres diffèrent. La publication de jeudi est venue confirmer à la fois la baisse du chômage INSEE du quatrième trimestre 2018 et celle des inscrits à Pôle emploi au premier trimestre 2019.

2. Le chômage ne peut être observé indépendamment de la croissance

En France plus qu’ailleurs (en raison de la rigidité du marché du travail), l’emploi suit avec un certain retard les évolutions de l’activité économique. Chômage et croissance sont donc intrinsèquement liés, l’emploi étant assez symptomatique de la bonne santé économique du pays. Or les prévisions de croissance ont été revues à la baisse pour 2019, ce qui laisse présager à terme un impact négatif sur les recrutements, bien que les annonces des chefs d’entreprise laissent entrevoir une hausse des embauches cette année. Le taux de chômage publié est donc un indicateur réel du dynamisme de l’économie française. Par ailleurs, un retour prochain à la hausse du chômage inciterait à penser que l’on a atteint notre taux de chômage structurel et qu’il serait difficile, en l’absence de réforme supplémentaire, de le faire baisser davantage.

3. Identifier et surveiller les indicateurs de la qualité de l’emploi

Au-delà du taux de chômage global (approche quantitative), la qualité de l’emploi et le bon fonctionnement du marché du travail doivent retenir toutes les attentions. Parmi les indicateurs « complémentaires » au taux de chômage, la proportion de CDI par rapport aux emplois dits précaires, en augmentation constante sur les derniers trimestres, est révélatrice de la solidité du marché de l’emploi.

Également à prendre en considération, le taux d’activité est le rapport entre l’ensemble de la population active et la population en âge de travailler. Il diffère du taux d’emploi (qui donne le rapport entre la population active occupée et la population en âge de travailler) et apporte un éclairage intéressant sur la volonté de la population en âge de travailler de rejoindre le marché du travail.

Le nombre de chômeurs de longue durée est quant à lui révélateur de la qualité de l'appariement entre l’offre et la demande sur le marché. Cet indicateur est d’autant plus pertinent qu’il ne cesse de croître, même dans un contexte de baisse globale du chômage.

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Alexandre Judes est économiste chez Indeed depuis 2017. Il a pour mission d’analyser le marché français et représente en France le « Hiring Lab », l’institut de recherche d’Indeed qui réfléchit sur l’avenir du travail et de l’emploi dans le monde. Diplômé de l’ENSAE ParisTech en 2011, Alexandre a occupé le poste d’économiste chez Coe-Rexecode pendant quatre ans, où il était notamment en charge des sujets liés à l’économie numérique. Il a commencé sa carrière dans le secteur économique et financier, où il a occupé divers postes entre 2008 et 2012 au sein d’administrations (Direction générale du Trésor), de cabinets de conseil (Olivier Wyman), et de banques/assurances (Rothschild, Société Générale, BNP Paribas, Axa).

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