Les intentions de la Fed sont plus que jamais au centre des attentions des cambistes et des investisseurs boursiers. Les dissensions au sein de la Reserve Fédérale U.S. quant à l’orientation de la politique monétaire, ont jeté un froid sur les marchés, tant au Etats-Unis qu’en Europe… Un réflexe de marché, plus qu’un mouvement rationnel, puisque l’hypothétique arrêt du « Quantitative Easing » américain serait avant tout la conséquence d’une meilleure santé économique.
Jusqu’ici, dans le cadre de ses mesures non conventionnelles, la Fed assurait la liquidité du marché américain et pesait sur la courbe de taux U.S. en injectant 85 milliards de dollars par mois dans le circuit monétaire. Hors norme, ce dispositif de « Quantitative Easing » a fortement contribué à doper les marchés d’actions au cours des derniers trimestres. Mais intimement conditionné par l’état de l’économie américaine, le maintien d’une telle politique suscite aujourd’hui bien des interrogations. En toute légitimité. L’économie américaine va beaucoup mieux, en dépit d’un taux de chômage encore au-delà des objectifs fixés, avec une croissance sur la voie de la reprise et des indicateurs d’activité en progression constante. Ce constat a donc conduit certains membres de la Fed à considérer le retrait éventuel du dispositif de rachat d’actifs, qui par nature reste exceptionnel. Les marchés y voient un soutien en moins pour la valorisation des actions à court-moyen terme, au moment même où les chiffres macroéconomiques en Europe confirment le marasme de la zone. Sans compter le regain d’incertitudes politiques en Italie, qui ont fait vaciller la bourse de Milan à quelques jours des élections législatives.
En réalité, intégrer le scénario d’une sortie progressive du « Quantitative Easing » résulte d’une réflexion plutôt cohérente. Il faut y voir un signe positif, celui que l’économie réelle de la première puissance mondiale va mieux !
Secoués par les perspectives de la Fed (pourtant prévisibles), les marchés boursiers ont trébuché : près de -2% à mi-séance pour l’Eurostoxx50 aujourd’hui, -1.24% pour le S&P500 sur sa dernière séance. Sur le Forex, la parité EUR/USD subit un nouveau coup de pompe, se dépréciant de -1.7% entre hier matin (à 1.34) et aujourd’hui (à 1.3180). De quoi revigorer les espoirs de certains industriels européens, lesquels jugeaient le niveau de l’euro « trop » élevé, handicapant leurs exportations.
Dans le sillage du raffermissement du dollar, les cours des matières premières ont plongé, pétrole et or en tête. À 1.570 USD, l’once touche un point bas de près de huit mois, déjà pénalisée par la forte réduction des importations en or physique de l’Inde et les droits de douane appliqués par l’Etat (6% sur les importations en or et platine). Alors, dépôt des armes non conventionnelles américaines ou simple trêve dans la guerre des changes que se livrent les banques centrales ?