Dans les coulisses de LeWeb : l’indiscutable succès des app Freemium

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Par Georges de La Ville-Baugé Modifié le 6 décembre 2012 à 14h46
Dans les coulisses de LeWeb, consacré aux objets connectés, on parle aussi beaucoup de l'avenir de l'Internet mobile, certains déplorant un retour en arrière provoqué par le succès des applications connectées. Elles violent pour certain l'idéal du web ouvert et généreux, enfermant le mobinaute dans la consultation d'un seul média (au sens large), qui par essence tient à conserver l'utilisateur le plus longtemps possible dans son application. Mais ce succès n'en demeure pas moins indéniable, grâce en particulier à un modèle économique particulier : le freemium.
 
 
Vous venez de télécharger une nouvelle app sur votre tablette. Vous croyez posséder un nouveau logiciel, vous avez en fait quelque chose qui se rapproche plus d'un magazine. Une app n'est pas un contenant comme Excel ou Word, c'est un contenu de la même façon qu'une série TV, avec une durée de vie limitée et un usage spécifique. Vous n'accédez pas à une liste de fonctionnalités mais à une expérience. Ceci est vrai quelle que soit la nature de l'app, personnelle ou professionnelle, app de news, de jeu, de partage de photo, de production de texte… L'app ne vous appartient pas.
 
Pour financer ce nouveau type d'applications il a fallu inventer un nouveau modèle économique : le freemium, contraction de free et premium. 
Ce modèle vous permet de tester gratuitement le service ou le produit, avec un nombre satisfaisant de possibilités. Il peut être "habillé" par de la publicité (il n'y a pas de petits profits). Il manque toujours une ou deux fonctions qui vous semblent rapidement indispensables. Ca tombe bien, elles sont disponibles contre paiement d'une somme généralement raisonnable.
 
L'app évolue avec le temps, les fonctions payantes deviennent gratuites après quelques mois et de nouvelles fonctions payantes apparaissent.
L'offre gratuite est la plupart du temps suffisante pour la majorité des utilisateurs, seuls 1 à 5% des utilisateurs franchissant le pas du payant. 
 
Le marché s'est aujourd'hui segmenté en trois paliers, avec des montants annuels autour de 20€ (Flickr par exemple), de 50€ (Pearltrees,Evernote) et de 100€ ou plus (DropboxSpotifyLinkedIn). Le freemium est très souvent synonyme d'abonnement plus que de payement à l'acte.
 
Trois ans après avoir lancé sa version gratuite, Pearltrees vient de présenter son offre premium. Celle-ci permet principalement de créer des arbres privés, fonction que les utilisateurs demandent depuis le début.
Evernote est aujourd'hui utilisé par 45 millions de personnes dans le monde ; environ 4 % d'utilisateurs payent pour l'offre premium à 40€/an. Les 2/3 des utilisateurs payants en font un usage professionnel, et 85 % d'entre eux ont réglé avec leurs propres deniers.
Evernote vient d'annoncer pendant la conférence LeWeb le lancement d'une nouvelle offre "Evernote Business", qui permet d'utiliser Evernote de façon collaborative. 
 
Pour dix euros par utilisateur et par mois, les entreprises permettent à leurs employés de partager et de découvrir les informations et les documents d'autres employés. Cerise sur le gâteau, lorsque l'entreprise souscrit à l'offre Business les comptes personnels des employés passent gratuitement en premium.
Les meilleurs ambassadeurs d'Evernote en entreprise vont donc être leurs utilisateurs actuels. La même stratégie avait permis à RIM d'imposer ses BlackBerry dans toutes les entreprises du monde et fait son succès, à l'époque...
Si vous doutez de la valeur réellement créée, rappelez-vous qu'Evernote vient de lever 85 millions de dollars sur une valorisation supérieure à 1 milliard de dollars, soit environ la moitié de la valeur de Peugeot aujourd'hui...
 

Les acteurs du jeu vidéo sont aussi très friands de freemium

Toujours à LeWeb, ZeptoLab, éditeur de Cut The Rope, a annoncé avoir dépassé les 250 millions de téléchargements et présenté son nouveau jeu. Celui-ci va être lancé de la même façon qu'une nouvelle série TV "par les créateurs de …". Cependant, Misha Hyalin, le patron de ZeptoLab temporise : "quand quelqu'un utilise un de tes jeux ça ne veut pas dire qu'il achètera le suivant, en revanche il achètera sans doute le contenu supplémentaire de son jeu actuel" ... ou le même jeu sur une autre plateforme.
 
Autre grand acteur du jeu vidéo sur mobile, le français Gameloft emploie plusieurs dizaines de personnes pour créer un nouveau jeu avec un budget digne d'un (petit) film hollywoodien. Ces jeux sont téléchargeables gratuitement, mais seuls les premiers niveaux sont offerts. Le joueur doit ensuite payer pour poursuivre sa partie. Les revenus générés sont supérieurs à l'ancien modèle où le jeu était acheté une fois pour toute. L'éditeur conserve une petite équipe pour gérer l'évolution du jeu dont la durée de vie peut ainsi être étendue presque indéfiniment avec un coût marginal des ventes additionnelles quasi-nul.
 
On peut ainsi imaginer que très bientôt les niveaux de jeu, comme les séries TV aujourd'hui, se termineront sur un Cliffhanger… L'ambition de Rovio, créateur de Angry Birds, d'être le prochain Disney semble alors tout à fait crédible.

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