Le poids du tourisme grec
Avec des paysages somptueux, uniques, un héritage intellectuel et spirituel puissant légué par la Grèce antique et une population si accueillante, comment imaginer une Grèce sans touristes ? Comment le tourisme européen pourrait-il se passer de la Grèce ? Le scénario est improbable économiquement, politiquement et historiquement. L’industrie du tourisme produit peu de valeur ajoutée mais demeure vitale pour la Grèce d’aujourd’hui et de demain. En effet, cette industrie pèse un poids économique important. Ce secteur d’activité a représenté 16,3% du PIB grec en 2013, soit un ratio tourisme / PIB deux fois plus élevés que celui de la France. Pour ce dernier, le tourisme a représenté 7,4% du PIB en 2013. Le pourcentage tourisme/PIB grec de 16,3% de 2013 est en réalité plus élevé puisqu’il n’intègre pas les recettes non déclarées des activités touristiques. Ce pourcentage avoisinerait en réalité les 40%. Le tourisme est la principale source de revenus pour le pays aux 24 Cyclades habitées. Il a généré directement 17 milliards d’euros et indirectement (restaurants, produits, excursions, …) 45 milliards d’euros en 2014. 24,3 millions de touristes ont visité la Grèce en 2014, soit une augmentation de 20,7%. Ce secteur utilise 19% de la main d’œuvre, soit 700 000 emplois. De nombreux acteurs étrangers exploitent des complexes générant d’importants viviers d’emplois durant la période estivale. Le tourisme est donc le moteur essentiel pour le maintien et le développement de l’emploi local.
Le tourisme dans la crise grecque
Avec la crainte d’un éventuel Grexit, de nombreux touristes ont préféré différer leur voyage. Dans les derniers jours du mois de juin, les réservations d’hôtels étaient en baisse de 20% par rapport à la même période un an plus tôt. L’hébergement dans l’hôtellerie de luxe à Athènes, en Crète ou dans les îles, a baissé en moyenne de 20% depuis les douze derniers mois. Depuis les accords conclus entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et l’Union Européenne du 13 juillet 2015, les réservations d’avions en direction de la Grèce et de chambres d’hôtels sont reparties à la hausse pour la période estivale. Les touristes américains et anglais profitent du niveau du dollar et de la livre sterling pour séjourner dans les hôtels de luxe, à moindre frais. En effet, ces devises se sont fortement appréciées par rapport à l’euro depuis un an. Les touristes allemands sont les plus nombreux à séjourner en Grèce. Ils étaient 2,5 millions en 2014, suivis par les Anglais et les Français en troisième position avec 1,2 millions de vacanciers pour l’année 2014. Les Russes y ont beaucoup séjourné ces dernières années. Les sanctions européennes ont eu des conséquences négatives au niveau de leur balance commercial. La baisse du baril de pétrole et la chute du rouble ont provoqué une baisse très importante de leur présence en Europe et sur le sol grec. La Grèce profite aujourd’hui de l’instabilité politique et géopolitique des pays comme l’Egypte, la Tunisie dont le tourisme représente 15% de leur PIB. De nombreux touristes européens qui se rendaient dans ces pays, choisissent actuellement les destinations grecques, espagnoles et italiennes.
Le challenge de l’avenir du tourisme grec
Le défi est à relever dans l’amélioration de l’attractivité touristique (Améliorer l’attractivité touristique est un défi à relever). Celle-ci devrait être effective tout au long de l’année et, 2015 devrait attirer environ 25 millions de touristes, soit un chiffre exceptionnel dans le contexte actuel. Dans ces prévisions, il faut intégrer entre 2,3 et 2,5 millions de croisiéristes. Si une crise géopolitique et politique venait freiner la présence de touristes étrangers durant la période estivale, l’économie grecque aurait du mal à s’en relever. Le tourisme grec doit se réformer intelligemment et rapidement. La reconstruction de la Grèce passera aussi par une amélioration de son offre touristique afin de répondre à une clientèle internationale de plus en plus exigeante, tant sur le plan de l’environnement que sur le plan des services offerts. La Grèce possède des avantages écologiques non valorisés comme la mer, le soleil, le vent ; puissants fournisseurs d’énergies renouvelables.
Le tourisme pourrait en profiter directement et indirectement. La Grèce doit se positionner autrement en diminuant son offre de tourisme low cost pour se positionner davantage sur un tourisme écologique et de services. C’est dans l’offre de services qu’elle apportera sa plus grande valeur ajoutée. En cette période de crise économique et politique, les devises apportées par les touristes sont les bienvenues dans un pays en quête de confiance et de stabilité financière. Une adaptation est donc nécessaire puisque la Grèce risque de subir les réformes concédées par le gouvernement d’Alexis Tsipras à ses créanciers. La TVA est passée de 13 à 23%, entre autre, pour la restauration et les courses de taxis. La TVA demeure inchangée à 13% pour l’hôtellerie. Cette hausse devrait aussi se traduire par une augmentation des prix concernés autour de 9%. Avec l’agriculture, le tourisme est la source financière la plus importante pour le pays. L’avenir économique de la Grèce dépendra des investissements et des développements qui seront réalisés dans ces deux secteurs d’activités ô combien complémentaires l’un à l’autre.