Titanique, notre dette publique. Et titanique notre aveuglement généralisé devant ce qui nous attend de manière inéluctable, à cause de l’état de notre économie : à genoux.
Toutes les excuses nous ont été servies pour justifier trente années d’incurie budgétaire, du « il le fallait bien » jusqu’à l’incroyable « on ne savait pas ». Pourtant, tout nous sautait aux yeux, exactement comme en Grèce. Il suffit pour comprendre de se rendre en Crète, qui d’après les guides touristiques est la région au PIB par habitant le plus élevé de Grèce. Là bas, des autoroutes majestueuses mais totalement vides longent le bord de mer, traversant tous les deux virages une colline, ou s’enfonçant dans une falaise. Des panneaux bienveillants et majestueux, couverts d’étoiles, nous informent que l’Europe a financé cette route à hauteur de 80 %, le reste étant à la charge de l’Etat et de la Région, eux-mêmes sous perfusion des subventions européennes. Et bien en France, les mêmes panneaux nous annoncent depuis que je suis enfant la création de ronds-points, dont le tarif unitaire oscille entre 100 000 et 1 million d’euros. Il en existe aujourd’hui 30 000 en France autant que… dans le reste du monde !
Alors maintenant, Monsieur le Président, arrêtons ce système absurde, ou 37 % des dépenses publiques sont affectées à la redistribution. Le chemin qu’emprunte une facture dans une entreprise lui revient entre 150 et 750 euros. Combien coûte administrativement le versement de 152 euros d’allocations familiales pour un enfant d’un côté, le prélèvement de 80 euros de taxe d’habitation mensualisée de l’autre ? Les deux doivent pouvoir se compenser automatiquement, et bien d’autres simplifications administratives doivent pouvoir nous faire économiser des milliards en frais de gestion.
Ensuite, entre l’Etat Gendarme et l’Etat Providence, il y a un juste milieu. Or nous avons aujourd’hui dépassé de très loin même l’Etat Providence, puisqu’il est désormais partout, responsable directement ou indirectement de 47 % de la création de richesse nationale, le fameux PIB. On peut se demander si les 53 % restants, donc d’initiative privée, sont responsables de notre situation. Mais à bien observer ce qui se passe, et marche ailleurs, ou la part du public dans le PIB est nettement moindre, la réponse semble assez évidente.
C’est face à ce choix, Monsieur le Président, que vous êtes désormais confronté : Soit vous pensez que l’Etat peut tout et doit tout faire, auquel cas, nationalisez le pays. Soit, vous donnez de l’air à ceux qui génèrent encore 53 % du PIB, afin qu’ils deviennent 55 %, puis 60, et plus encore. Faites ainsi en sorte que l’exception française reste une exception culturelle et non une exception économique. Si changement il doit y avoir, c’est bien de celui là dont la France à besoin.