Avant la crise le Salon nautique accueillait chaque année Porte de Versailles 300 000 visiteurs. C'était le bon temps, on venait pour acheter son nouveau voilier ou sa vedette à moteur et l'on n'hésitait pas à signer un chèque de 100 000 euros voire beaucoup plus. Cette année, les organisateurs considéreraient que 240 000 visiteurs feraient bien l'affaire et on n'ose même pas dire combien de bateaux seront achetés. On comprend bien que dans une période où le chômage plane sur la tête de beaucoup de gens, les sous on les garde dans une chaussette sous le matelas.
Cette frilosité a immédiatement des conséquences dans les chantiers navals, exemple Bénéteau le leader mondial fait état d'une baisse de 12,3% de son chiffre d'affaires et d'une perte opérationnelle de 4,3 millions d'euros dues pour l'essentiel à la faiblesse du marché européen. Alors fluctuat nec mergitur, l'industrie nautique peut-elle flotter sans couler ? Bruno Cathelinais, président du groupe Bénéteau, garde le moral. Il faut dire qu'il y a bien longtemps que le patron vendéen parcourt le monde. « Si la situation reste molle en Europe, nos ventes sont reparties en Amérique du Nord », il ajoute dans une interview à Ouest-France que l'Asie et le Brésil, deux zones géographiques cibles, continuent d'acheter les bateaux français. Et puis la tendance est en train de changer, le voilier qu'il faut savoir manœuvrer est détrôné désormais par les bateaux à moteur. Il se vend 8 fois plus de bateaux à moteur que de bateaux à voile. Bénéteau sait réagir et compte inonder le marché de bateaux à moteurs.
A l'instar de l'automobile, il vaut mieux proposer au marché des Rolls et des Audi. Jean-François Fountaine, le patron des chantiers Fountaine Pajot et par ailleurs président de la FIN, la fédération des industries nautiques, annonce sourire aux lèvres que son chiffre d'affaires a progressé de 8,8 % pour atteindre 38,4 millions d'euros, son chantier est spécialisé dans les grands catamarans de luxe.
L'argent est également moins facile chez les sponsors. Franck Cammas vainqueur de la dernière course Volvo Ocean Race qui était engagé depuis des années avec Groupama a annoncé qu'il réduisait ses ambitions compte tenu des difficultés financières du groupe mutualiste d'assurances. Cammas a de la chance, il n'est pas licencié mais il va ainsi passer de la Course autour du monde à la Solitaire du Figaro.
Notons tout de même dans cet énoncé de chiffres à la baisse la forte hausse des candidats aux permis de plaisance : 11 000 candidats de plus se sont inscrits cette année, sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Sans que l'on puisse parler de guerre des prix au Salon, pour la 1ère fois les constructeurs proposent des rabais « spécial Nautique 2012 ». Les plus malins (et j'en connais...) attendrons les 2 derniers jours du Salon pour tenter d'arracher des bateaux neufs au prix de l'occasion.