L’Europe a voté

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Par Stéphane Déo Modifié le 27 mai 2019 à 10h23
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@shutter - © Economie Matin

Les résultats nationaux en France ne ressemblent pas vraiment aux conclusions Deux pays sont à surveiller. L’Allemagne où la coalition au pouvoir semble précaire et des élections anticipées deviennent possibles. L’Italie où la Lega de Salvini a certes progressé nettement mais l’Italie va perdre une grande partie de son influence sur l’Europe.

Point de marché : le pétrole baisse

Le prix du pétrole a baissé significativement la semaine dernière. L’élément déclenchant a été la publication de stocks plus importants que prévus. Il faut toutefois remettre ce mouvement dans un contexte plus large. Entre les assurances de l’OPEP de compenser les sanctions sur l’Iran et la volonté affichée de la Russie de sortir de l’accord avec l’OPEP le mois prochain, l’offre de pétrole reste élevée. Par ailleurs du côté de la demande, les inquiétudes sur la croissance pèsent. Cette baisse est donc probablement pérenne.

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Le prix du Brent est maintenant 10% en deçà de son niveau d’il y a un an ; cela correspond à un impact sur l’inflation européenne de la composante énergie de l’ordre de -0,1%. Les anticipations de marché sur l’inflation se sont d’ailleurs tassées encore plus récemment. C’est aussi une bonne nouvelle dans la mesure où ces 0,1% de baisse se retrouvent dans le pouvoir d’achat des ménages.

Elections Européennes

S’il n’était peut-être pas évident hier soir de se rappeler que les élections Européennes sont … Européennes tant les enjeux nationaux ont prédominé, il y a quelques points à retenir pour les marchés. Paradoxalement, les résultats nationaux sont souvent trompeurs lorsqu’on se rappelle qu’il s’agit bien d’élire un parlement européen.

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En France (les chiffres sont des estimations à l’heure où nous écrivons, source : https://europeelects.eu/ep2019/) :

- Le RN qui arrive en premier des élections participera au groupe ENL, 74 eurodéputés, 9,9% des parlementaires, cinquième groupe parlementaire, soit une influence très limitée.

- Renaissance qui arrive deuxième participera au groupe ADLE, 115 eurodéputés, 15,3% des parlementaires. A noter que les quelques députés En Marche ! (des transfuges d’autres partis) dans le parlement sortant ne participaient à aucun groupe. Le parti du Président a donc maintenant un groupe parlementaire sur lequel s’appuyer.

- Les Verts restent marginaux au parlement, même s’ils progressent, avec 75 sièges, soit 10,0% ils deviennent le quatrième groupe.

- LR, qui a eu un score médiocre en France participe au groupe PPE, certes en déclin, mais qui reste de loin le premier groupe du parlement avec 165 sièges (22,0% du total).

On le voit donc, les résultats nationaux ne se retrouvent pas au niveau Européen, le PPE reste la force prédominante au Parlement européen, le Spitzenkandidat n’est pas mort !

Deux pays sont à suivre maintenant : l'Allemagne et l'Italie

En Allemagne la CDU de Madame Merkel a beaucoup perdu, avec 28 sièges obtenus contre 34 sortants). Le cas du SPD est encore plus impressionnant : forte baisse aux élections européennes (15 sièges obtenus contre 27 sortants) et perte des élections régionales à Brême, Land que la SPD détenait depuis … 1946 ! La stabilité de la coalition actuelle est donc en question et la probabilité d’élections anticipées a augmenté en Allemagne. Il faut rappeler que l’Allemagne occupe la présidence tournante de l’UE au second semestre 2020, donc des élections l’année prochaine semblent peu probables. Si élections anticipées il y a, elles devraient se tenir avant la fin de l’année. A suivre.

L’Italie, elle devrait perdre beaucoup au « mercato » des postes Européens à pourvoir. Il faut rappeler qu’il y a quatre postes importants à attribuer avant la fin de l’année :

  • Président de la Commission, actuellement occupé par Jean-Claude Junker, Luxembourg
  • Président du Conseil, actuellement occupé par Donald Tusk, Pologne
  • Président de la BCE, actuellement occupé par Mario Draghi, Italie
  • Président du Parlement, actuellement occupé par Antonio Tajani, Italie

Il y a deux italiens donc sur les quatre postes principaux, on voit mal comment Salvini, marginalisé en Europe et avec le cinquième groupe parlementaire pourrait en sauver ne fusse qu’un. L’Italie semble la grande perdante de ce scrutin.

Guerre commerciale, du mieux

Le président Trump parle maintenant d’un accord commercial avec la Chine signé « rapidement » et a confirmé sa rencontre avec Xi au sommet du G20 les 28 et 29 juin. Détente donc, au moins verbale. La fragilité de la croissance mondiale actuelle s’accommode très mal de l’incertitude ambiante, si nous attendons toujours un « happy ending » hollywoodien, comprendre un accord enfin entre les deux, le long processus de négociations et le manque de visibilité sont de plus en plus en inquiétants. L’OCDE a estimé que ce manque de visibilité pourrait enlever plus d’un demi-point de croissance au PIB mondial, sans compter évidement l’effet direct des hausses tarifaires.

Une résolution rapide serait donc la bienvenue !

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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