Les femmes représentent environ un tiers des actifs de l’agriculture et constituent aujourd’hui le quart des chefs d’exploitation en France, alors qu’elles n’étaient que 8 % en 1970. Cette augmentation de la part des femmes en agriculture s’explique en partie par une série d’évolutions législatives qui ont permis, à partir de 1985 avec la création de l’EARL, puis en 2000 par la mise en place du statut de conjoint collaborateur et enfin très récemment en 2011 avec l’autorisation de créer des GAEC entre conjoints, la reconnaissance du statut des femmes en agriculture.
Plus affirmées, plus visibles, les femmes sont devenues incontournables dans le paysage agricole. Décisionnaires et dirigeantes, elles prennent leur part au dynamisme du monde rural. Les jeunes agricultrices participent à la construction de l’agriculture de demain, tant par la diversité des d’activités qu’elles exercent que par leur confiance en l’avenir.
Des agricultrices bien dans leurs bottes
Aujourd’hui près de 70 % des agricultrices dirigent ou co-dirigent leurs exploitations. La petite cinquantaine, mariée ou en couple avec deux enfants, 73 % sont originaires d’une famille d’agriculteurs. Pour autant, on ne naît plus agricultrice, mais on le choisit. 65 % ont exercé une autre activité professionnelle avant de s’installer ; une agricultrice sur deux a eu auparavant un emploi sans lien avec l’agriculture.
Le métier d’agricultrice constitue pour la plupart un choix de cœur, un tiers des femmes interrogées parle spontanément de la passion qu’elles ont pour ce métier, et qui est la première raison d’installation des plus jeunes. C’est également un choix de vie, pour 44 % d’entre elles, qui s’installent pour pouvoir travailler avec leur conjoint. Le souhait de continuer l’exploitation familiale est cité dans 24 % des cas.
L’indépendance et l’autonomie de décisions sont les premiers facteurs d’attrait du métier pour les agricultrices, qui apprécient aussi les soins aux animaux. Côté contraintes, alors que 36 % disent ne rencontrer aucun souci dans l’exercice de leur métier, une certaine réticence pour les tâches mécaniques, comme conduire les outils et autres tracteurs (19 %), ou les régler (18 %), s’exprime pour les autres. Les contraintes liées à la pénibilité physique ne sont quant à elles que rarement mises en avant.
Des exploitations au féminin
Alors que 62 % travaillent sur des exploitations sous forme sociétaire, un tiers dirige ou codirige des exploitations de plus de 100 hectares. Elles exercent principalement dans les secteurs de la production bovine, viande et lait (pour 25 % d’entre elles), des grandes cultures (20 %) et de l’élevage caprins, ovins, avicoles (19 %). Au total 61 % des agricultrices ont au moins un atelier d’élevage sur leur exploitation.
Les agricultrices s’ouvrent à toutes les facettes de l’agriculture : 35 % produisent sous label ou sous appellation d’origine ; 30 % pratiquent la vente directe ; 14 %, particulièrement les plus jeunes, envisagent de se diversifier vers la production d’énergie renouvelable et enfin, 10 % développent une activité de tourisme rural.
Actrices reconnues du monde agricole
Enfin, être une femme aujourd’hui n’apparaît pas comme un inconvénient pour diriger ou codiriger une exploitation. Les agricultrices ont réussi à s’affirmer dans un monde où leur rôle n’était pas reconnu. Les mentalités ont fortement évolué puisque 77 % s’attachent même à dire qu’être une femme en agriculture ne constitue pas un obstacle. Alors qu’elles se sentent reconnues dans leur milieu (collègues, organisations professionnelles agricoles, établissements financiers,…), elles considèrent l’être moins par les pouvoirs publics et les consommateurs.
Optimistes, elles sont à 59 % plutôt confiantes en leur avenir et à 86 % confiantes pour les moins de 40 ans. A tel point que 63 % des moins de 40 ans aimeraient que leur fille devienne à son tour agricultrice.
Fiche technique :
Enquête BVA réalisée par téléphone entre le 8 et le 14 février 2013, auprès de 501 femmes constituant un échantillon national représentatif des agricultrices françaises. Agricultrices : femmes faisant partie des actifs permanents d’une exploitation agricole au titre de chef d’exploitation ou co-exploitante. Méthode des quotas : représentativité sur les critères Région (7), orientation technico-économique de l’exploitation (Otex : 6) et âge (5)