La mer, avenir de l’homme ? #BESTOF

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Par Philippe Cahen Modifié le 30 juillet 2013 à 2h59

A l’heure où la fonte des glaces est au coeur des préoccupations, où le niveau de la mer augmente et le tourisme de masse se développe, qu’en est-il de la protection du littoral ?

Philippe Cahen, spécialiste en prospective a répondu aux questions des internautes à l’occasion d’un chat participatif. Il interpelle les citoyens français sur les enjeux du littoral et de la mer, qu’il décrit comme l’avenir de l’homme.

Comment le métier de prospectiviste s’applique-t-il aux problématiques environnementales ?

Philippe Cahen : Il y a deux manières de faire de la prospective : soit on analyse le présent pour expliquer ce qui se passe aujourd’hui et ce qui se passera demain, soit on se projette sur un temps indéterminé et à partir de cette projection, on imagine ce qui va arriver. En matière de littoral les prospectives s’établissent sur 30 à 50 ans.

Mais attention, cela n’apporte pas de solutions parce qu’un prospectiviste n’est pas un devin, il apporte des interrogations en les argumentant et pour ma part, j’essaye toujours, notamment dans chacun des travaux que je mène aux côtés d’entreprises, de démontrer une chose et son inverse afin de leur apporter suffisamment de matière pour réfléchir à leurs problématiques. Par exemple, il y a 10 ans, nous étions tous persuadés qu’il n’y aurait plus d’énergie carbone d’ici peu de temps. Aujourd’hui, on constate qu’on est inondé d’énergie carbone !

Un groupe plaçant l’innovation et le marketing au coeur de sa stratégie de développement, qu’en pensez-vous ?

Philippe Cahen : Je trouve cela très intéressant ! La Fondation P&G est partenaire du Conservatoire du Littoral depuis déjà 20 ans, et pour autant je pense que son action n’en est qu’à ses débuts. Malgré la réussite notable de ses quatre premiers quinquennats, la Fondation P&G a encore énormément à faire car le littoral et le milieu marin évoluent : en bord de mer on peut par exemple constater qu’il y a de plus en plus de méduses. Ces dernières piquent les baigneurs car leurs prédateurs comme le thon rouge disparaissent, notamment à cause de produits de toutes sortes qui polluent les mers. L’équilibre des fonds marins, de la faune est déstabilisé.

Un deuxième point qui me semble très important : l’avenir du terrien, c’est la mer. L’activité liée à la mer va se développer très rapidement. C’est une source d’énergie ; on y puise pétrole, gaz et matériaux rares. La mer est également une voie de communication pour les bateaux. On connaît déjà les gros paquebots de croisière de 10-15 étages mais bientôt on y verra naviguer des villes flottantes de 50 000 ou 100 000 habitants qui navigueront au rythme du beau temps ! Et à ce moment-là, le littoral ne sera plus simplement attaché à la terre, il sera aussi dans la mer. Il y aura donc de nouveaux projets à mettre en place en rapport avec ces unités urbaines flottantes, projets sur lesquels la Fondation P&G aura sûrement l’occasion de se pencher dans les 50 années à venir. Ce qui finalement ne représente que 10 quinquennats, très peu en somme !

Comment est anticipé en France (et dans le monde) l'éventualité d'une brutale montée des eaux liée au réchauffement climatique ?

Philippe Cahen : En tant que prospectiviste, c’est un fait avéré depuis 20 ans, la montée des eaux est très spectaculaire mais on ne sait pas trop comment c’est anticipé. Tout ce qui se situe en dessous de 1 mètre ou 2 mètres du niveau de la mer risque de disparaître. La métropole française devrait être relativement peu touchée mais nous n’avons pas trop d’informations concernant l’Outre-mer. En revanche, nous ne savons pas ce qui va se passer au niveau de la température des eaux, si elles vont se refroidir ou se réchauffer. On ne sait pas du tout quelles vont être les conséquences d’un enfoncement éventuel du Gulf Stream qui pourrait provoquer un refroidissement. A l’inverse, il y a d’autres phénomènes qui font que les eaux chaudes peuvent remonter. Ce sont des données qu’on ne maîtrise pas du tout aujourd’hui et il me semble que la température des eaux peut avoir plus de conséquences sur le littoral que le niveau des eaux. C’est un phénomène à prendre très au sérieux pour les générations futures.

Je considère le littoral et plus largement la mer, comme l’avenir de l’espèce humaine car c’est avant tout une source d’énergie importante. Mais cet avenir est encore incertain car le milieu marin est une pleine mutation : de nombreuses espèces sont en danger, les eaux se réchauffent et leur niveau augmente. Le mode de vie humain impacte fortement ce milieu par le développement des échanges maritimes, la pollution et l’extraction des matières premières.

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Article initialement publié le 13/12/2012

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Depuis 1995, Philippe Cahen intervient en prospective auprès d'entreprises ou d'entités pour imaginer leurs futurs, et a développé pour elles une méthode de prospective par scénarios dynamiques dont le livre « les signaux faibles » sont la première étape. Enseignant dans différentes écoles de commerce, d'ingénieurs, de design, il est régulièrement sollicité dans les médias. 

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