À peine sortie de la récession au troisième trimestre, l’économie britannique reste en effet fragile et pourrait même de nouveau se contracter au quatrième trimestre, estime la Banque d’Angleterre. George Osborne a ainsi revu à la baisse les prévisions de croissance officielles : l’économie nationale devrait se contracter de 0,1% en 2012 – contre une précédente prévision de +0,8% en mars – et enregistrer une croissance de 1,2% en 2013 contre 2% attendu jusque-là. Et les prévisions de déficit budgétaire ont, elles aussi, été revues à la hausse. La Commission européenne table sur un déficit de 6,2% du PIB en 2012 et 7,2% en 2013 pour le Royaume-Uni.
Aucune des promesses faites par George Osborne lors de son premier budget après les élections de mai 2010 ne seront donc tenues. Pourtant, celui-ci s’est refusé à changer de cap sur l’austérité : « La Grande-Bretagne est sur la bonne voie et faire demi-tour serait un désastre », avait-il estimé.
George Osborne a estimé, jeudi 6 décembre, que la perte du AAA ne serait « pas une bonne chose », mais, depuis, il n’a cessé de relativiser la portée d’une dégradation de la note souveraine par une ou plusieurs agences de notation. « Nous empruntons en ce moment à des taux parmi les plus bas de l'histoire britannique car quand les gens regardent dans le monde, regardent les pays dans lesquels investir, ils pensent que la Grande-Bretagne est un bon investissement », a-t-il assuré.
L’effet d’une perte du AAA ne serait pas forcément catastrophique. Standard & Poor’s a retiré sa note maximale à la France en janvier 2012, Moody’s a fait de même le 19 novembre et pourtant… Paris emprunte à des taux historiquement bas – au début du mois, le taux d’emprunt français à dix ans est passé pour la première fois de son histoire sous la barre des 2%. Il y a fort à parier que les investisseurs continueraient à considérer le Royaume-Uni comme un investissement sûr et profitable.
C’est plus l’effet politique, l’effet sanction qu’auraient à craindre George Osborne et le Premier ministre David Cameron, déjà particulièrement affaiblis par des divisions au sein de leur propre parti et la rude concurrence des idées populistes, anti-européennes.
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