La question au cœur de la transition énergétique est de savoir si les énergies renouvelables (photovoltaïque et éolien) peuvent remplacer le nucléaire, y compris après l’épuisement des énergies fossiles. Prenons l’exemple significatif de l’Allemagne, qui a opté pour l’abandon du nucléaire au profit des ENR. Avec tout le sérieux et les moyens de nos voisins d’outre-Rhin, des investissements massifs ont déjà été consentis en ENR, avec de maigres résultats : en 2010, l’éolien n’a produit que 5,9% du total de l’électricité, et le photovoltaïque 1,9 %. Les investissements se poursuivent, grâce à des subventions aux ENR qui leur permettent d’avoir un prix équivalent aux autres moyens existants (énergies fossiles et nucléaire). Ces subventions vont représenter 20 milliards d’euros en 2013 (3 milliards en France).
Quant à l’objectif à long terme de 100% d’ENR, après épuisement des énergies fossiles, c’est une escroquerie intellectuelle : le facteur de charge de l’éolien (pourcentage d’heures équivalentes pleine charge) en Allemagne étant de 20%, celui du photovoltaïque de 9%, on ne pourra jamais dépasser les 30% pour ces deux énergies cumulées (aussi sûrement que les ENR ne peuvent produire par les nuits sans vent).
1. L’énergie éolienne remplace de l’énergie nucléaire existante, pour faire baisser le taux de nucléaire. Cette énergie éolienne sera vendue à EDF environ 220 €/MWh, en permettant à EDF une économie de combustible nucléaire de 30 €/MWh, soit un surcoût de l’éolien de 86%. Cumulé pour les 6GW pendant les 20 ans du contrat de fourniture, le surcoût sera de 60 milliards d’euros. De facto, aucune des centrales nucléaires existantes ne pourra être arrêtée, car il faut pouvoir disposer de toute leur puissance en cas de vent nul. 60 milliards d’euros de surcoût sans produire 1 kWh de plus, sans fermetures possibles de centrales nucléaires et avec des éoliennes en fin de vie au bout des 20 ans, c’’est un gaspillage pur.
2. L’énergie éolienne a été rajoutée pour augmenter la puissance du réseau de 6 GW. Quand le vent tombera, la continuité de la fourniture ne pourra se faire que par de l’énergie thermique à combustible fossile (le nucléaire étant banni). Il faudra donc construire des centrales thermiques pour 6 GW, qui fonctionneront pendant 70% du temps. C’est un doublon d’investissement.
Alors, il faut peut-être se poser à nouveau la question du nucléaire. L’émotion soulevée par Fukushima est compréhensible. Il faut reconnaitre, cependant, que ce fut un évènement exceptionnel : ce n’est pas le tremblement de terre qui a endommagé la centrale, mais le tsunami, qui a noyé les groupes électrogènes de secours de la centrale. Tirant les enseignements de cette catastrophe, l’Autorité de Sûreté Nucléaire française a défini des dispositifs de sécurité complémentaires, en cours d’installation, et notamment un bunker par site renfermant les groupes électrogènes et des équipements de sécurité, tels que les pompes de refroidissement.
Les dépassements très importants de coûts et délais des chantiers des EPR de Finlande et Flamanville s’expliquent principalement par leur position de têtes de série, et la perte du savoir-faire français après 20 ans sans construction de centrales nucléaires. Mais ce nouvel apprentissage a bénéficié aux deux EPR chinois, dont les chantiers sont parfaitement en ligne avec les budgets et plannings. Cependant, il ne faudrait pas arrêter à nouveau la chaîne.