Lorsqu’on aura la démocratie, nous irons voter

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Amélie Bruder Publié le 10 avril 2014 à 2h15

Opinion

Bien qu’épuisée à essayer de m’en sortir dans un contexte économique plus difficile pour les gens qualifiés et courageux que pour les fainéants, il me démange de prendre la plume pour remettre les pendules à l’heure tant les propos de personnalités politiques sont insultants les soirs d’élections.

En effet, les prétendues fines analyses des élites du siècle qui se succèdent à la tête de l’état depuis des années pour nous conduire à la situation que l’on sait sont plus qu’insultantes. Si les français ne vont pas voter et/ou s’ils votent FN, "c’est parce que ce sont des fascistes ou des idiots".

Quand on entend des propos pareils, comment peut-on oser dire qu’on est en démocratie ? Si ces gens hors normes supposés nous gouverner n’y comprennent rien et nous insultent, c’est bien parce qu’ils sont déconnectés de la réalité de la vie tant ils se cooptent à n’en plus finir aux peu de places au chaud restantes à la tête de l’Etat tout en restant persuadés d’être les meilleurs.

Or, si les français ne vont plus voter, c’est parce qu’il n’y a pas de démocratie : ce sont toujours les mêmes qui se cooptent là-haut, de gauche comme de droite et on nous demande de choisir entre ce qu’on nous impose. Ceci n’est pas la démocratie mais l’oligarchie. Une réelle démocratie suppose que le citoyen lambda puisse se présenter. Au lieu de cela, ce citoyen, bien plus à même de comprendre et résoudre les situations (notamment parce qu’on lui a dit de s’instruire pour gagner sa vie et qu’il est non seulement intelligent mais aussi pauvre et non déconnecté du monde réel) se voit bloqué par des appareils politiques qui imposent toujours le même favori pendant des années. Les Français disent enfin stop à cela, en particulier les jeunes.

Ceux-là alors quelle bande de délinquants, fainéants et bons à rien qui ne comprennent rien : ils ont des études qui les mènent au chômage et aux stages à répétitions, ne vivent plus décemment, sont pauvres et travaillent comme des esclaves pour joindre les deux bouts avec des jobs sous qualifiés (au contraire des pauvres non diplômés que l’on aide sans arrêt et qui gagnent mieux leur vie) et ont le toupé de réclamer un salaire pour manger et payer leur loyer ! Ne savent-ils pas que le travail qualifié est gratuit ? Le travail qualifié bien payé, c’était pour la génération d’avant, celle à qui on demandait moins de qualifications et qui dirige…quoique ça à toujours l’air d’être le cas puisqu’effectivement, les gens peu qualifiés sont aidés et accèdent à des emplois bien payés….

Malgré cette situation qui est criante aujourd’hui, les médias continuent à faire croire le contraire, tout comme nos politiques d’ailleurs qui osent ensuite dire que les Français n’ont pas compris les réformes qui ont été faites. C’est vrai, lorsqu’on vit seule parce qu’on n’a pas la chance d’avoir un mari milliardaire, qu’on cherche juste désespérément à s’en sortir parce que ça n’a pas été le cas avec de brillantes études, on est idiote et manger et survivre est bien moins important que de résoudre les déficits pour satisfaire cette bonne vieille Europe des rentiers au service des systèmes financiers.

Cette Europe qui crée volontairement cette situation pour arriver aux fins de ces protagonistes en faisant baisser le salaire des cadres et les niveaux de vie parce que moins payer les salariés permet de mieux rétribuer les prêteurs qui financent les entreprises. Pour y arriver, on recours à tout moyen depuis des années : embauches illégales en stage des jeunes qualifiés (plus de travail, c’est démodé), chômage de masse des populations cadres (et non des moins qualifiés comme on le prétend) et dressage des populations les unes contre les autres en aidant sans cesse les plus fainéant avec les finances de ceux qui espèrent s’en sortir et non celle des plus aisés qui s’enrichissent par la rente, récompense des moins qualifiés et les plus fainéant qui accèdent à l’emploi et un salaire avec une belle vie à la clef au détriment des jeunes qualifiés qui n’y arrivent pas : même lorsqu’ils veulent se reconvertir, c’est le parcours du combattant car il faut des alternance sans contrat de professionnalisation pour les financer et j’en passe….On notera qu’on s’en prend bien sûr d’abord aux plus faibles : la jeune génération car à coup de mensonges à grande échelle, on fera en plus croire que ce sont ceux qui ne font rien qui ne s’en sortent pas. On ne parlera pas des jeunes qualifiés qui ont fait des efforts pour s’en sortir et que l’on a fragilisés le temps de leurs études et sur le marché du travail en les humiliants pour justifier qu’on ne les embauchait pas.

Pour combler ces maux qui ont conduit la France à l’état que l’on connait à force d’avoir voulu baisser le niveau en faisant fuir les talents qui auraient pu innover ou en les empêchant tout court de monter leur projet (parce que les charges sont élevées pour alimenter un système d’assistanat injustifié), les gouvernements de droite ont continué à fermer les yeux en aidant les rentiers à être encore plus riches au détriment de ceux qui souhaitaient s’en sortir en continuant de les tondre et la gauche répond au problème en continuant à aider ceux qui ne le doivent pas et qui ne créeront jamais d’emploi en continuant à tondre les petites entreprises, indépendants et ces mêmes personnes qui essaient de s’en sortir pour reverser de l’argent aux familles nombreuses, pour donner des emplois jeunes et financements de diplômes à des jeunes ou personnes qui n’ont jamais daignés faire d’études ni d’efforts pour ne pas se fatiguer et en ne voulant abaisser les charges que sur les emplois non qualifiés, les seuls emplois qu’ils restent pour ces jeunes qualifiés devenus pauvres parce qu’on ne baisse pas les charge sur les emplois qualifiés jugés trop chers et qui sont illégalement remplacés par des stages.

Mais nos politiciens plus intelligents que la moyenne comprennent tout : ils répondent à cela qu’il y a une loi contre les stages illégaux et que ce sont les moins qualifiés qui ne s’en sortent pas ! Ils comprennent décidément tout et ne font pas tout pour satisfaire l’objectif des systèmes financiers actuels : faire baisser les salaires élevés, réduire le niveau de vie de tout un chacun pour favoriser l’endettement des particuliers qui refuseraient la pauvreté, ce qui satisfait ces mêmes systèmes financiers.

Comment peut-on s’étonner, lorsque l’on voit une situation pareille et un pays pareil, où les gens courageux et intelligents sont sous- payés et humiliés, que les français agissent comme ils agissent lors des élections ? Il est clair qu’il est temps que la démocratie s’applique, que n’importe quel citoyen puisse se présenter aux postes sacrés. Lorsque nous serons en démocratie, nous irons voter et nous voterons sans doute autre chose qu’un vote contestataire favorable aux extrêmes !

Laissez un commentaire
Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Amélie Bruder est docteur en droit des affaires et certifiée de l’Edhec Business School. Ex-avocate en reconversion professionnelle vers les milieux du sport et du bien-être (coaching sportif, fitness, zumba, reiki), elle développe un site dédié au fitness et au bien-être (www.myfitnesslesite.fr)

Aucun commentaire à «Lorsqu’on aura la démocratie, nous irons voter»

Laisser un commentaire

* Champs requis