Lundi de Pentecôte : Journée de solidarité ou travail forcé ?

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Par Joseph Thouvenel Modifié le 26 mai 2012 à 12h45

Rappelez-vous, suite au drame de la canicule en 2003, le gouvernement de l’époque a sans concertation avec les différents acteurs concernés, décidé d’imposer aux salariés de travailler gratuitement le lundi de Pentecôte. Le prétexte : financer la prise en charge de la dépendance.

Résultat, des routiers obligés de travailler, mais interdits de circulation en raison d’une journée classée rouge sur les routes, des écoles sans élève. Ouvert, fermé, personne ne s’y retrouvait. Sans compter les différents pèlerinages mis à mal par cette mesure technocratique. Celui des mitterrandiens à la Roche de Solutré, des aficionados des corridas à Nîmes, de Lutte Ouvrière au château de Presle ou des cathos de Paris à Chartres.

En France, depuis des générations, les trois jours de la Pentecôte sont consacrés aux familles, associations, clubs sportifs, groupements divers et variés. Ce lundi travaillé, c’est le lien social assassiné. Face au front du refus emmené par la CFTC et le collectif des amis du lundi, le gouvernement recule. Un nouveau texte est voté. Les salariés doivent toujours travailler gratuitement une journée mais celle-ci peut être fixée, par accord d’entreprise, remplacée par une RTT ou être fractionnée. A défaut d’accord, ce sera le lundi de Pentecôte.

Formidable législation qui grave dans le marbre de la République le principe du travail qui ne mérite pas salaire ; sur notre continent cela ne s’était plus vu depuis la journée du parti en URSS. Extraordinaire texte, qui voit la caissière de supermarché être obligée de travailler gratuitement une journée quand les cheminots rallongent en théorie leur journée de 1mn52 et le pharmacien, profession libérale exonéré de solidarité.

Il n’y a qu’un technocrate issu des meilleures fabriques à usine à gaz de la République capable d’inventer un système aussi inique sous couvert de solidarité. Reste le problème du financement de la dépendance. Rassurez-vous, que vous travailliez ou non, le lundi de Pentecôte ou autre jour de travail forcé, vous ne retirez ni ne rajoutez un euro à la caisse de solidarité. Celle-ci est alimentée par une taxe de 0,3 % prélevée mensuellement sur les rémunérations, comme chacun peut le vérifier sur sa fiche de paie. La solidarité nationale oui, un effort de tous pour financer la dépendance oui, mais justement réparti sur l’ensemble de nos concitoyens en fonction de leur faculté contributive.

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Joseph Thouvenel est le vice-président de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC) en charge des questions économiques et internationales. Il est également membre de la Commission des Sanctions de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

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