Après avoir connu une réelle embellie depuis quelques mois, le cours du porc ne cesse de baisser ces dernières semaines passant de 1,75 € à moins de 1,39 € le Kg. A ce prix, le travail des producteurs n’est pas correctement rémunéré.
La production française continue son déclin
La France a déjà perdu 14 % de sa production ces 10 dernières années, descendant au 4ème rang en Europe. Et l'avenir s'annonce morose : 15 % des naisseurs sont découragés et certains en grandes difficultés financières arrêteront leur production début 2013. En effet, faute de moyens financiers, de nombreux producteurs ne sont pas capables de faire les travaux de mises aux normes « bien-être des truies gestantes » exigés par l'Union Européenne avant 2013.
L’Espagne est le 1er exportateur de viande de porc vers la France (70 % des viandes fraîches et congelées en 2011), devant l'Allemagne qui progresse. Pourtant, leur prix à la production dépasse le nôtre, qui reste depuis 5 ans inférieur au coût de revient et est parmi les plus bas d’Europe. Nos bas prix ne profitent même pas aux consommateurs vu que ⅔ de ce qu’ils paient vont aux intermédiaires ! Il est urgent de réagir pour que, demain, il y ait encore en France une production porcine qui assure l’indépendance alimentaire et des produits de qualité !
L'ONEP (l’Organisation Nationale des Eleveurs de Porcs de la Coordination Rurale) en appelle à la responsabilité collective et préconise un changement radical et urgent de la Politique Agricole. Tout d'abord, les prix de vente doivent être indexés sur les coûts de l'aliment. En effet, l'augmentation du coût des céréales et du tourteau de soja – qui constituent l'aliment principal des porcs – pèsent lourdement sur les finances des éleveurs de porcs. Ensuite, pour éviter une « flambée » des coûts alimentaires, qui représentent plus de 60 % des charges, des solutions existent.
L'ONEP propose :
- D'établir des contrats directs entre céréaliers et éleveurs. Ces contrats permettront de ne plus passer par des organismes stockeurs et d'amputer ainsi le coût des céréales des marges habituellement prises par ces intermédiaires.
- De lancer un grand plan protéines par région, afin que la France ne soit plus déficitaire et contrainte d'importer.
- D'encourager la fabrication de l'aliment à la ferme. Les élevages qui fabriquent tout ou partie de leurs aliments à la ferme sont aujourd'hui les plus rentables. Pour 150 truies naisseur-engraisseur, le gain annuel est estimé entre 20 000 et 25 000 €. Il faut également tenir compte des avantages environnementaux : produire sur la ferme évite les transports et limite ainsi l'emprunte carbone.
Il y a urgence à agir sinon c'est la filière toute entière qui va s'écrouler entraînant dans sa chute des pertes d'emplois irréversibles en amont et en aval !