Le champ d'activités des banques et des opérateurs télécoms se sont considérablement étendus ces dernières années sur fond de convergence. Ainsi, deux phénomènes parallèles ont vu le jour : d'un côté les banques se lancent sur le marché du mobile et les opérateurs télécoms dans le secteur lucratif des services bancaires en ligne.
Les exemples de succès se trouvent dans les deux camps mais sont mues par des raisons différentes. Détails et explications...
Quand les banques convergent vers les télécoms : un pari risqué
Le premier exemple date de 2005, la banque CM-CIC réussit son entrée dans l'aventure du mobile, via l'acquisition de l'operateur virtuel El Telecom, notamment grâce aux avantages propres que n'ont pas les opérateurs historiques, comme le grand nombre de points de vente au détail et la détention de fichiers avec les données personnelles de leurs clients, permettant de mieux cibler la clientèle et ses besoins.
Mais cette tendance reste limitée car le pari est risqué. Peu de banques osent, à ce jour, se lancer sur le marché des télécoms, préférant se concentrer sur les services de paiement en ligne, car celles qui s’y sont essayées n’ont pas toujours rencontré le succès. C’est le cas de BNP Paribas qui a tenté, entre 2011 et 2015 de se lancer avec son partenaire Orange dans la vente de téléphones et forfaits mobiles pour ses clients et qui a dû faire marche arrière faute d’avoir atteint son objectif de "plusieurs centaines de milliers de clients". A la suite de cet échec, l'accent fût mis sur les applications de gestion de comptes bancaires et de paiements sur téléphone mobile. Depuis, BNP Paribas et Orange unissent leurs forces sur Orange Money, un service de paiement et transfert d'argent sur téléphone mobile en Cote d'Ivoire.
La banque en ligne : une opportunité de croissance sans précédent pour les opérateurs dans les PED
Alors que les banques hésitent encore à sortir de leur zone de confort, les opérateurs télécoms semblent clairement prendre le tournant de la banque en ligne et s’illustrent même dans ce secteur. Doués du savoir-faire technique et spécialisés dans le transfert de données, ils diversifient ainsi leurs risques et partent à la conquête de nouvelles sources de revenus, en concurrençant les banques de réseaux. C’est le cas d'Orange avec son application Orange Cash ou encore son investissement dans Groupama Banque.
Alors que les banques classiques se battent pour survivre et conserver leurs parts de marché, les opérateurs télécoms misent sur une "on-linisation" des services bancaires voyant en cela une opportunité de croissance sans précédent. Ceci est particulièrement vrai dans les pays en développement (PED) où une grande partie de la population n'est pas bancarisée mais possède un téléphone mobile. C'est ainsi que des nouveaux services financiers de l'industrie des télécoms apparaissent, tel que M-PESA au Kenya et autres pays d'Afrique de l'Est, sans l'intervention des banques. Leur croissance est telle que les estimations suggèrent qu'une part importante de l'économie kenyane passe déjà par M-PESA.
En conclusion, cette double tendance met en lumière ce qui semble être un avantage pour les opérateurs télécoms, au vue de leur maitrise des technologies liées aux services bancaires, notamment pour les moyens de paiement en ligne. Enfin, leur offre bancaire s'intègre dans le cadre d'une plateforme de service général plus large que celle des banques qui, si elles ratent le coche et ne parviennent pas à relever le défi, perdront une partie de leurs clients.