Monsieur le Ministre,
Actuellement, Les discussions sur l'avenir de la PAC 2014-2020 sont suspendues a son périmètre budgétaire. Ensuite, et dans le respect de la codécision, nous entrerons dans les textes réglementaires communautaires, communément appelé la "boîte à outils". Enfin, viendra l'application française de cette politique commune.
Mélanger ces phases conduit aujourd'hui à fragiliser nos positions nationales et à lever un rideau de fumée sur des questions essentielles.
Pour la FNSEA, le premier acte est de maintenir le budget de la PAC, seule grande politique européenne intégrée. Aussi, nous soutenons la position du President de la République et du gouvernement ; nous plaidons d'ailleurs auprès de nos partenaires professionnels des autres pays de l'Union européenne pour qu'ils interviennent en ce sens auprès de leurs gouvernements.
Commencer a entrevoir des négociations qui sacrifieraient une partie du budget de la PAC contre des remises en cause de propositions du Commissaire Ciolos n'est pas une démarche responsable ; de même, instiller de profondes réformes dans la distribution des soutiens du premier pilier ne correspond pas à la phase de l'agenda. Tout cela est négatif pour la négociation européenne et n'augure pas de bonnes réponses face à nos attentes légitimes sur le budget.
Tout au contraire, ne faut-il pas mettre en valeur les apports importants de la production agricole a l'Europe : l'alimentation avec des produits en quantité et en qualité ; l'emploi avec plus de 15 millions de personnes concernées ; la vie des territoires avec des activités dans toutes les zones ; les échanges extérieurs dont l'agriculture est un fer de lance.
Ce sont ces atouts qui légitiment la PAC et son budget, dans le cadre d'une cohérence européenne. Nous souhaitons qu'il y ait de l'ambition pour notre secteur et son avenir. Ne tombons pas dans de petites réflexions conjoncturelles et ajustées à de seuls débats nationaux.
La légitimité de la PAC découle de l'importance stratégique du secteur agricole pour l'Union Européenne. Cela, nous aurions aimé que les Chefs d'Etat et de Gouvernement sachent mieux l'affirmer dans les négociations à l'OMC dans lesquelles nous nous sommes précipités en reformant à tout va sans prendre conscience des conséquences.
Alors, aujourd'hui, les critiques sur les systèmes de soutien, leur coût, fleurissent. Les paysans en seraient-ils responsables ? Certes non car leurs propositions de systèmes d'aides flexibles ont été refusées. Dès les années 2000, la FNSEA a tenté de faire réintroduire, à plusieurs reprises, la notion de "contracyclique". Le résultat, nous le connaissons, toujours plus de découplage et un soutien aveugle à l'hectare nous ont été imposés. Mais attention, sous couvert d'être "juste", ne risquons-nous pas de nous marginaliser du reste de l'Europe... et pour quel résultat ?
L'agriculture mérite mieux que toutes ces considérations qui finissent par la montrer du doigt sous un aspect négatif : politique agricole injuste, budgétivore, polluante et néfaste pour les pays en développement.
Nous attendons qu'avec vos homologues, vous arrêtiez, à partir du budget consolidé, les grands axes d'une politique agricole qui protège, qui soutient quand il faut, qui prépare l'avenir d'une Europe et d'un monde dans lesquels l'enjeu alimentaire sera vital.
Est-ce trop demander ?
Veuillez agreer, Monsieur Le Ministre, L'expression de mes sentiments respectueux.