Rendez-vous au 15 janvier pour le deuxième épisode de la crise américaine

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Par Charles Sannat Publié le 17 octobre 2013 à 12h21

Mes chères contrariées, mes chers contrariens !

Ouh là là là là, que c’est compliqué ce soir de vous écrire une édito qui ne tombe pas à côté lorsque vous le lirez demain matin…

Au moment (tardif) où j’écris ces lignes, la situation est la suivante. Le Sénat américain est arrivé à un accord bi-partisan entre républicains et démocrates. Youpi tralala. Sauf que cet accord doit être transmis et en vitesse à la Chambre des représentants où les républicains sont majoritaires et là où cela coince. Ensuite, une fois que tout ce beau monde aura voté, au mieux tard dans la nuit, très tard, il faudra qu’un coursier en mobylette fonce à la Maison Blanche avec tous les papiers pour que le mamamouchi en chef du monde libre puisse signer et promulguer cette loi avant l’ouverture des marchés et l’arrivée des chèques à payer… Autant dire qu’il est vraiment mais alors vraiment minuit moins une.

Partons du principe que les républicains de la Chambre vont se coucher et qu’ils voteront la loi comme semble l’indiquer cet article du New York Times que je vous ai trouvé de derrière les fagots.

La raison semble donc l’emporter et le monde ne basculera pas dans un chaos provoqué par le défaut de paiement de la première économie mondiale. En tout cas, pas jusqu’au 15 janvier 2014 où le même cirque politico-économique devrait recommencer.

Sur MarketWatch, l’un des plus gros sites financiers américains, il y avait ce soir cet article :

Pourquoi le report temporaire du plafond de la dette est le pire scénario ?

En gros, pour cet économiste américain avec lequel je suis parfaitement d’accord, ce report théorique jusqu’au 15 janvier va globalement faire peser des incertitudes majeures sur les marchés et il se pourrait que les investisseurs massacrent les cours pour faire pression sur les politiciens américains afin qu’ils trouvent, et vite, un accord durable et de long terme.

Investir demande d’avoir de la visibilité, or un tel accord, s’il permet d’éviter le pire à très court terme, c’est-à-dire la faillite demain, ne résout rien au-delà des trois prochains mois. Comment investir avec une visibilité de trois mois ?

Paradoxalement donc, alors que tout le monde pourrait penser qu’il s’agit d’une excellente nouvelle, cela pourrait au contraire déclencher une correction sur les Bourses qui ont tout de même intégré depuis quelques jours cette issue heureuse.

Ainsi le proverbe boursier « acheter la rumeur et vendre la nouvelle » pourrait, une fois de plus, se trouver vérifié dans les tous prochains jours.

Le mal est déjà fait !

Dans toute cette affaire, et nous ne pouvons que nous réjouir si nous nous réveillons demain matin dans un monde identique à la veille et pas en plein chaos obligataire et monétaire, il faut tout de même retenir que beaucoup de mal a été fait et qu’un coup presque fatal a été porté à la crédibilité de long terme des États-Unis d’Amérique.

Avez-vous envie de prêter vos sous à l’Oncle Sam à 30 ans alors que l’on ne sait même pas s’ils ne feront pas un défaut intentionnel lors du match retour en janvier 2014 ? Si vous répondez non, vous êtes « sage ». Sauf que les bons du Trésor américains c’est le premier marché obligataire du monde. Ce sont des sommes colossales ; la colonne vertébrale de l’économie mondiale.

Le dollar est LA monnaie de réserve du monde.

Vous êtes chinois que faites-vous ?

Vous êtes russe que pensez-vous ?

Vous êtes japonais ?

Bref, cette histoire aura montré à tous notre vulnérabilité aux soubresauts de la politique intérieure américaine.

Cet épisode haletant jusqu’au bout nous aura montré une fois de plus et fait toucher du doigt la fragilité du système économique mondial.

Ce psychodrame nous aura permis de resituer tout cela dans un contexte géopolitique et de lutte acharnée pour le leadership mondial.

Tout cela nous aura, je l’espère, ouvert à tous les yeux sur les risques prégnants qui pèsent sur chacun d’entre nous. Un accident n’est jamais loin. Un événement hautement improbable reste toujours possible, et il est essentiel dans cette période d’incertitude historique de rester en permanence sur ses gardes et de se préparer sans relâche à tous devenir beaucoup plus résistants, résilients en tout cas en terme patrimonial.

Je maintiens que la résolution finale de cette crise sera monétaire à un moment ou à un autre, et que cette crise, qui semble s’achever par une happy end temporaire, aura semé les ferments d’une rupture profonde entre la Chine et les États-Unis, et cela n’est pas une bonne nouvelle pour la stabilité du monde.

Alors si vous avez aimé Default 1, The End, rendez-vous dès le 15 janvier pour la sortie officielle de Default 2 : le retour, dans toutes les bonnes salles de cinéma !

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez-bien !!

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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