Et si vous relocalisez votre entreprise dans l'Hexagone ? Combien cela vous couterait-il ? Alors que de nombreuses entreprises quittent déjà la Chine à la recherche de nouveaux eldorados –le Vietnam, les pays d'Europe de l'Est par exemple-, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a lancé hier un nouvel outil, destiné à permettre aux entreprises de "tester le potentiel de relocalisation productive sur le territoire national". Son petit nom ? Colbert 2.0. Il fallait y penser ! Au moins le ministre poursuit-il son idée du « Made in France ».
Permettre à une entreprise d'évaluer les couts cachés de sa délocalisation
Ce logiciel permet notamment aux entrepreneurs d'évaluer les coûts cachés d'une installation à l'étranger. Il prend notamment en compte la hausse des salaires dans les pays émergents –en Chine, le salaire moyen a été multiplié par 4,5 en dix ans !-, l'augmentation des tarifs des transports ou des prix de l'énergie.
En l'espace de 30 minutes seulement de connexion gratuite sur le site https://www.colbert2-0.fr, le patron tricolore est censé calculer s'il serait plus intéressant pour sa société de rapatrier ses activités, et notamment ses usines, dans la mère patrie... ou pas ! Le tout de manière évidemment confidentielle.
A l'issue de ce premier diagnostic, l'intéressé peut entrer en relation avec un interlocuteur en région. Le mois dernier, Arnaud Montebourg a annoncé la désignation de 22 commissaires à l'investissement chargés justement d'accompagner les entreprises dans leur éventuelle relocalisation...
Relocaliser ses activités en France, et moi et moi ?!
Reste à savoir si le logiciel va révéler qu'il est économiquement avantageux pour les entreprises de rapatrier leurs activités en France, étant donné le coût de la main-d'œuvre (le quatrième plus cher d'Europe), le poids de la fiscalité et des formalités administratives, ou encore le climat des affaires. Sans compter que lorsqu'une entreprise délocalise à l'étranger, notamment vers un pays émergent, c'est pour profiter de coûts salariaux moindres certes, mais aussi pour se rapprocher de marchés en pleine croissance ou prometteurs.
Le ministère, lui, est convaincu que certaines sociétés peuvent y trouver leur compte. Il a notamment dans le viseur environ 300 entreprises susceptibles de revenir au pays, dans les pas de sociétés comme Meccano, Rossignol, l'Atelier du maroquinier ou encore des filiales d'Arkema, Yamaha ou L'Oréal qui se sont relocalisées en France ces dernières années.
Selon l'Insee, le phénomène de délocalisation des entreprises françaises est en fait plus limité qu'il n'y parait. Il a détruit tout de même en moyenne environ 36 000 emplois par an entre 2000 et 2005.