Une délégation commerciale entoure François Hollande
Et pour assurer ses arrières, le président français est parti entouré d’une garde personnelle composée de pas moins de 200 personnes, toutes catégories confondues. Parmi eux, neuf ministres, une douzaine de responsables politiques, une quarantaine d’hommes d’affaires et quelques autres personnalités du monde culturel. Même l’acteur Kad Merad, né en Algérie, fait partie du voyage.
Si le volet diplomatique de la visite de François Hollande en Algérie tiendra une grande place dans les discussions qu’auront les deux présidents, l’aspect économique, en temps de crise, est bien entendu un enjeu prioritaire et les deux parties ne s’en cachent pas. « L'Algérie et la France vont procéder à la signature de sept à huit accords touchant plusieurs secteurs dont la défense, l'industrie, l'agriculture, la culture, l'enseignement et la formation », a ainsi indiqué le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal.
Au sein de la délégation économique française qui assistera François Hollande, le PDG de France Télécom Stéphane Richard et Patrick Kron, PDG d’Alstom. Total, qui négocie actuellement une usine de vapocraquage d’éthane à l’ouest d’Alger avec le groupe pétrolier Sonatrach sera représenté. Alors qu’un accord définitif va être signé entre Renault et l’Algérie, pour la construction d’une usine près d’Oran, qui devrait construire 75 000 voitures par an, son PDG Carlos Ghosn sera en revanche absent de la partie.
Une législation qui n’attire pas les entrepreneurs français
Avec 450 entreprises françaises déjà implantées en Algérie, la France est aujourd’hui, et malgré des relations en dents de scie depuis plusieurs décennies, le partenaire économique privilégié de l’Algérie.
Et pourtant, les entreprises françaises n’aiment pas l’Algérie, à laquelle elle préfère des pays plus accessible en termes de législation. Il faut dire que, pour s’installer en Algérie, une entreprise française doit au préalable s’associer avec une entreprise algérienne. Avec cette dernière, la société française doit créer une société commune dont au moins 51% des parts appartiendront à la société algérienne.
Il est donc beaucoup plus simple pour la France de se servir de l’Algérie, grand importateur, comme d’un magasin distributeur plutôt que d’un allié producteur.
Les choses doivent changer pour François Hollande
Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), estime qu’une des caractéristiques de la vision internationale de François Hollande est « qu’il faut que cela soit utile à l’économie française ». « L’état de l’économie française, sa croissance atone et son chômage vigoureux sont des sources de préoccupation majeures pour François Hollande. Il sait que les choses doivent changer s’il veut être réélu en 2017 » ajoute-t-il encore.
Ainsi, les espoirs français en Algérie sont grands. Sans doute aussi grands que les espoirs algériens. Dans une interview accordée à l’AFP, quelques jours avant l’arrivée du président français, Abdelaziz Bouteflika employait les termes de « partenariat d’exception », de « relation forte et dynamique » et encore des « nombreux intérêts qui unissent nos deux pays ».
L’Algérie doit soutenir le modèle français
Car le modèle français, malgré la crise, fait des envieux de l’autre côté de la Méditerranée. Dans un éditorial du quotidien El Watan, Ihsane El Kadi estime que l’Algérie a « tout intérêt à soutenir le modèle français ».
« Si l’histoire est restée un obstacle au partenariat d’excellence que souhaitent construire les deux pays, la sociologie historique de leur capitalisme les rapproche. L’Algérie est le pays de la rive sud Méditerranée qui ressemble le plus à la France dans son action publique. Intervention de l’État, part du secteur public, accès à l’éducation, niveau de pression fiscale. Le modèle d’économie sociale de marché français est celui vers lequel tendent le plus intuitivement les élites économiques algériennes. À une différence de taille. La France a développé de grandes entreprises qui font d’elle le 6e exportateur au monde », indique encore l’éditorialiste.
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