La co-création, l’avenir de l’industrie agroalimentaire ?

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Par Caroline Péchery Publié le 29 mars 2019 à 6h12
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@shutter - © Economie Matin
80%Les aliments ultra-transformés représentent 80% de l'offre en supermarché

Les consommateurs ont pris conscience de l’impact de l’alimentation sur la santé. Ils ont tendance à se tourner vers une alimentation plus saine et plus naturelle. Parallèlement la confiance entre les consommateurs et les grandes marques de l’industrie agro-alimentaire s’étiole. Méfiants face aux produits qu’ils achètent, les consommateurs passent à la loupe leur composition et leurs caractéristiques. Ils exigent plus de transparence de la part des industriels, notamment face à la controverse sur certains procédés d’ultra-transformation des produits.

Face à ces enjeux, les marques doivent réinventer la relation qu’elles ont avec leurs clients. Elles doivent montrer patte blanche et s’engager pour une alimentation plus saine et plus responsable pour répondre aux attentes des consommateurs.

La démarche de co-création entre les consommateurs et les industriels peut être une solution pour lever la défiance des consommateurs en les impliquant directement dans le développement des nouveaux produits.

Les aliments ultra-transformés représentent 80% de l’offre en supermarché !1

À la fin du XXème siècle les aliments ultra-transformés connaissent un très fort développement. Le cahier des charges des industriels de cette époque a deux objectifs principaux : réduire les prix et proposer des produits déjà préparés, simples et rapides à utiliser. L’alimentation proposée devient donc profondément transformée au travers de procédés artificiels. Conséquence : la qualité des produits disponibles sur le marché a fortement diminué. Les colorants, les conservateurs, les antioxydants, les exhausteurs de goûts, les additifs et leurs semblables ont petit à petit pris une place disproportionnée dans notre assiette. L’ultra-transformation des produits : nouvelle crise alimentaire du XXIème siècle ? C’est possible, ce phénomène a de quoi nous inquiéter. Le degré élevé de transformation de nos aliments soulève de nombreuses interrogations. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer ces produits. Une récente étude française menée sur 45 000 adultes entre 2009 et 2017, publiée le 14 février 2019 établit un lien entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de cancer2. Controversés depuis de nombreuses années, les aliments ultra-transformés sont associés à l’obésité et aux maladies chroniques, mais c’est la première fois qu’ils sont liés au risque de cancer.

Les consommateurs ne sont plus dupes. Face à cette prise de conscience, ils modifient progressivement leurs habitudes. La tendance désormais est au “clean”, au bio et au local.

Ces évolutions sont aujourd’hui responsables de la forte fragmentation du marché de l’agro-alimentaire. D’un côté, les consommateurs ne font plus confiance aux industriels - trop régulièrement perçus comme des trompeurs peu soucieux du bien-être de leurs consommateurs. Les récents scandales alimentaires, comme Spanghero ou Lactalis, ne faisant qu’accentuer cette méfiance ! Et de l’autre côté, les industriels ne s’adaptent pas réellement aux besoins et désirs de leurs clients. Seuls 16% des Français considèrent que les entreprises donnent assez d’informations sur leurs produits...

Du consommateur au consom’acteur3 !

Face à cette réalité, les consommateurs cherchent à réagir et à faire entendre leurs voix. Certains, fatigués de ne pas être entendus, voire ignorés, optent pour le boycott. Mais l’histoire nous montre que si cette option a l’avantage de révéler au grand jour des problèmes sociétaux, elle a aussi et surtout pour effet d’accentuer les clivages. L’écart entre les industriels et les consommateurs ne font finalement que de se creuser... Un fonctionnement qui attise les rivalités là où le dialogue et la transparence font déjà suffisamment défaut. Face à ce constat, comment agir de manière efficace ? Comment les industriels peuvent-ils répondre aux défis qui leur sont posés ?

Il est impératif et urgent de trouver un moyen pour que d’une part, les consommateurs puissent exprimer leurs souhaits et que d’autre part, les industriels comprennent comment répondre à ces attentes. La co-création apparaît alors comme une méthode efficace pour réunifier consommateurs et industriels. Les premiers deviennent consom’acteurs, ils agissent et impactent directement sur les produits de demain. Ils peuvent dès lors, influencer les choix des industriels afin de retrouver dans les supermarchés des produits qui leur correspondent vraiment ! Quant aux industriels, ils ont tout à y gagner. Grâce à la co-construction, ils témoignent de l’attention qu’ils portent aux souhaits de leurs clients et regagnent ainsi leur confiance.

Enfin, la co-création est un excellent outil pour porter un message auprès des consommateurs. En effet, ces derniers sont plus enclins à acheter les produits pour lesquels ils se sont engagés. La notion “co-créé” est un gage de qualité pour le consommateur en général - qu’il se soit investi ou non dans la démarche de co-création !

La démarche a d’ailleurs déjà fait ses preuves au travers d’initiatives comme par exemple celle de C’est Qui Le Patron?. Le lait co-créé par les consommateurs a été le lancement de produit le plus réussi en 30 ans pour un produit lancé par une nouvelle marque. Alors pourquoi l’ensemble de l’industrie ne pourrait-elle pas elle aussi entrer dans cette relation vertueuse avec les consommateurs et renouer le dialogue ? À suivre…

1) https://genie-alimentaire.com/spip.php?article267

2) https://www.lanutrition.fr/etude-francaise-la-consommation-daliments-ultra-transformes-liee-au-risque-de-cancer

3) Etude Ethicity-GreenFlex, 2016

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Avant de se lancer dans l'aventure ScanUp, Caroline Péchery a travaillé 2 ans et demi au sein de KPMG en tant que Chargée de Développement Franchise & Réseaux.