Le Japon a réactivé un réacteur nucléaire, Sendai 1, le premier des 20 qui pourraient bientôt recommencer à produire de l'électricité. Nous ne sommes pas en faveur des centrales nucléaires, c'est le moins qu'on puisse dire. Si le monde peut fonctionner sans elles, nous disons: "tant mieux"! Mais peut-on les remplacer par des énergies intermittentes comme l'éolien ? Telle est la question qui doit être posée.
La réponse est non, tant qu'on n'aura pas trouvé le moyen de stocker l'électricité, ceci en quantité suffisante pour alimenter une économie moderne, tout en assurant la stabilité de fréquence sur le réseau malgré les variations de la production éolienne. Jusqu'à présent, cela s'est avéré impossible. Tant que ce problème ne sera pas résolu, la nature erratique du vent devra être compensée "en temps réel" par des centrales à combustibles fossiles capables de stabiliser cette énergie fluctuante. Cependant, en faisant varier constamment leur production à l'inverse de celle des éoliennes, elles consomment beaucoup plus de carburant, comme une voiture en circulation urbaine.
L'Allemagne, par exemple, a essayé de remplacer le nucléaire par l'éolien et l'énergie solaire, et elle a échoué
Il lui a fallu construire des dizaines de nouvelles centrales à charbon pour avoir de l'électricité pendant les périodes sans vent ou sans soleil. Et le reste du temps, ces centrales thermiques lui sont nécessaires pour réguler la variabilité de l'éolien et de l'énergie solaire, sinon le pays connaîtrait de nombreuses coupures de courant. En conséquence, l'utilisation de combustibles fossiles a augmenté en Allemagne.
La France, qui s'est engagée à fermer nombre de centrales nucléaires, fait beaucoup de publicité pour sa « transition énergétique », qui repose principalement sur l'énergie éolienne. Mais en même temps, elle a discrètement construit des centrales à gaz: 16 unités depuis 2005 (1). Officiellement, celles-ci ont été construites pour remplacer des centrales à charbon qui polluaient davantage. Mais la France a aujourd'hui plus de 10.000 MW de capacité installée en éolien, c'est à dire plus que les centrales à charbon qui ont été fermées, et de nombreux parcs éoliens sont en cours d'approbation ou de constuction. En fait, les nouvelles turbines à gaz seront surtout utilisées pour pallier l'intermittence de l'énergie éolienne, et compenser son instabilité. Les centrales nucléaires ne sont pas assez souples pour le faire.
Le double investissement, énergies intermittentes + combustibles fossiles, et ce pour une même production totale, a causé la hausse du prix de l'électricité partout où ces énergies « vertes » se sont développées. Si l'on ajoute à cela les coûts élevés de l'éolien lui-même, du solaire, et des adaptations du réseau pour accommoder ces énergies intermittentes, on comprend pourquoi les ménages allemands et leurs voisins danois paient pour l'électricité 100% de plus que chez nous.
Au Royaume-Uni, les subventions à l'éolien terrestre sont devenues tellement considérables que le gouvernement s'est vu obligé d'annoncer que les parcs éoliens approuvés après avril 2016 n'y auraient plus droit. Quant à la France, une taxe spéciale a été appliquée aux factures d'électricité, « la CSPE », dont le taux n'a cessé d'augmenter. Elle dépasse maintenant les 6 milliards d'euros par an, soit 15% des factures, et il est question de l'étendre à celles de gaz et de carburant.
L'énergie intermittente oblige à brûler davantage de combustibles fossiles (2). En outre, son coût élevé (3) cause un double problème : « précarité énergétique » dans les ménages à revenus modestes, et destruction d'emplois parce que les investissements et des industries entières sont attirés à l'étranger par des prix moins élevés pour l'énergie. Le Japon n'a pas tardé à comprendre les dangers du "modèle allemand": aujourd'hui, "Sendai 1" est de nouveau actif, en dépit de Fukushima. Il semble que l'énergie nucléaire soit de retour au Japon (4).
Bien sûr nous aimerions rêver, comme beaucoup, que les énergies intermittentes peuvent remplacer le charbon, le gaz et l'énergie nucléaire. Mais malheureusement, il faut s'en tenir à la réalité des choses. D'ailleurs, après y avoir cru pendant longtemps, Bill Gates vient de dénoncer les énergies intermittentes que sont l’éolien et le photovoltaïque (5). Il rejoint ainsi le chorus international qui proclame depuis des années l'inutilité de cette forme d'énergie. Pour nous, c'est signe que la bulle éolienne n'est pas loin de crever.