Les marchés boursiers avaient « acheté » la rumeur d'un défaut américain, ils « vendent » désormais l'annonce du dénouement. En effet, on a observé une légère correction des indices actions après l'accord américain conclu in extremis au Congrès, qui a permis le relèvement du plafond de la dette fédérale jusqu'au 7 février. Paradoxale, cette baisse des marchés, alors qu'ils n'avaient pas tremblé au cours de deux semaines de « shutdown » ayant paralysé une bonne partie des services publics américains ?
Pas vraiment. Jusqu'à la date fatidique, les investisseurs voulaient croire en la sempiternelle capacité des États-Unis à surmonter les épreuves, d'où l'aplomb des marchés ces dernières semaines. Le spectre du défaut a finalement été évité, ce dont il faut se féliciter. Mais ce nouvel épisode budgétaire laisse malgré tout des traces. Les parlementaires américains sont parvenus à un mauvais compromis, salvateur certes, mais a minima, sans aucune certitude de résoudre durablement la problématique budgétaire. L'État fédéral n'a obtenu des financements que jusqu'au 15 janvier et le Trésor n'est en mesure d'emprunter que jusqu'au 7 février. En somme, la classe politique américaine donne rendez-vous aux marchés. De nouveaux risques de « shutdown », voire de défaut, pourraient ressurgir en début d'année prochaine.
Par conséquent, les États-Unis ont perdu de leur crédibilité
Politique, mais aussi sur le plan économique. Ni le camp démocrate, qui a toujours autant de mal à mettre en œuvre ses réformes autour d'un consensus, ni le camp républicain, dont la remise en cause de l'Obamacare à échoué, n'est sorti vainqueur. Depuis le 1er octobre, le « shutdown » a coûté 0,6 point de pourcentage à la croissance économique américaine (au quatrième trimestre). La note de la dette américaine vient d'être dégradée de A à A- pour l'agence chinoise Dagong. Un avertissement qui n'est pas anodin, dans la mesure où la Chine est le premier bailleur de fonds de la première économie mondiale.
L'agence Fitch a elle aussi révisé son évaluation en passant la dette U.S. sous « perspective négative ». Dans ces conditions, on perçoit aujourd'hui une forme de déception sur les marchés boursiers. Les indices européens ont clôturé en territoire négatif, hier. Les investisseurs ont tendance à privilégier des prises de bénéfices, d'autant que les premiers résultats d'entreprises ne sont pas aussi bons qu'escompté.