La création d’un Ministère délégué à l’Economie Sociale et Solidaire et son rattachement au Ministère de l’Economie et des Finances est une excellente nouvelle pour tous ceux qui, comme le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), militent de longue date pour la reconnaissance économique de ce secteur.
Loin de faire partie d’une quelconque économie marginale ou de « seconde zone », les entreprises sociales, qui évoluent dans le champ de l’économie sociale et solidaire, contribuent au contraire pleinement à la croissance du pays. Elles créent des emplois, produisent des biens et des services, innovent partout sur le territoire. Elles s’appellent Juratri – 130 salariés, 50 emplois créés ces cinq dernières années, 6 million de chiffre d’affaire – ou encore Groupe SOS – 500 salariés il y a trois ans, 10 000 aujourd’hui, pour un budget annuel de 430 million d’euros en 2011 – et interviennent dans des domaines comme la petite enfance, la dépendance, la santé, la réinsertion de personnes éloignées du monde du travail, le logement, l’environnement, etc.
Qu’elles soient des associations, des coopératives, des entreprises d’insertion ou encore des SA, SARL, ou EURL, elles sont des milliers en France à mettre ainsi quotidiennement l’efficacité économique au service de l’intérêt général, à concilier la réussite individuelle de l’entrepreneur avec le bien commun, à partager équitablement les richesses qu’elles engendrent en faisant du profit un moyen et non une fin.
A la croisée du public et du marché, les entreprises sociales permettent d’optimiser fortement les dépenses publiques, en faisant mieux avec moins. De nombreux travaux montrent qu’elles rapportent plus qu’elles ne coûtent à l’Etat et aux collectivités. Par exemple, une étude menée dans plusieurs régions montre que pour 1 euros dépensé par les pouvoirs publics dans les entreprises d’insertion, plus de 2 euros sont générés par ces mêmes entreprises sous forme de recettes liées à l’emploi créé (charges patronales, impôts et taxes…) et d’aides sociales économisées[1].
Dans un pays fortement endetté, rongé par une crise sociale et environnementale dramatique, l’entrepreneuriat social voit pourtant son formidable potentiel largement sous-évalué et sous-utilisé. Les leviers indispensable à son essor – financements, accès aux marchés, formation etc. – ne sont pas actionnés, faute d’une réelle volonté politique.
Aujourd’hui la donne peut changer. Des mesures simples, concrètes, ne nécessitant pas de dépenses publiques supplémentaires et pouvant être engagées rapidement ont été proposées au nouveau gouvernement par le Mouves[2] pour permettre à cette autre manière d’entreprendre de se développer et à ses acteurs de changer d’échelle. Il est temps de les mettre en œuvre, les entrepreneurs sociaux sont prêts.
Article initialement publié le 09/06/2012