Selon le CIVB, les chiffres de vente de vins de Bordeaux en Chine sont en régression sensible pour 2013 et ont enregistré pour la première fois un repli de 18% en valeur et de 16% en volume. Cette baisse fait suite à une progression régulière. Les exportations avaient progressé de 100% en 10 ans.
La demande pour les Grands Crus et notamment pour les 1ers Grands Crus du classement de 1855 chute effectivement. Ce phénomène, qu’on a pu éventuellement lier à tort aux négociations bilatérales entre la Chine et l’Europe sur le thème panneaux solaires contre le dumping antivin, s’apparente au fait que les joyaux de nos terroirs, Château Lafite-Rothschild en tête, étaient devenus une monnaie d’échange entre gens fortunés de l’Empire du Milieu : le vin s’offrait en cadeau dans un magnifique panier d’osier contenant plusieurs merveilleux produits et était valorisé comme tel. Pire, il a fait l’objet d’une rapide spéculation, créant autour de quelques références une vraie bulle.
Or le nouveau gouvernement chinois, ayant décidé de s’attaquer à la corruption, a fait passer une loi interdisant la pratique des luxueux « Hampers ». Immédiatement, les ventes de nos pépites ont chuté et les cours de s’effondrer. La bulle spéculative a donc éclaté. Fin de la première partie.
Ce qui n’est pas encore mentionné et qui mérite de l’être, c’est que la consommation de vin en Chine progresse. Le train est en marche. Les ‘wine bars’ se multiplient. La Chine se classe d’ailleurs devenue le premier consommateur de vin dans le monde. Le vin (rouge de préférence) remplace peu à peu les alcools locaux et la bière, s’affichant comme une boisson culturelle. La France reste le 1er exportateur en Chine : le prestige est là et sa place n’est pas menacée. Les clubs et école de dégustation ne désemplissent pas. Les cavistes fleurissent pour faire face à une demande toujours plus forte. Nos plus grands critiques, à l’instar de Michel Bettane et Thierry Desseauve animent régulièrement avec succès des ‘Master Class’ de prestige pour les passionnés de Grands Crus…Les salles de cours font l’objet d’une longue liste d’attente.
Ce phénomène suscite l’intérêt : le vin est enfin dégusté et non collectionné. Voilà le signal que tous les professionnels du vin et de l’investissement dans le vin attendaient, car seule, la destruction positive est à la base d’une véritable et solide prise de valeur. Plus le vin est consommé, plus il devient rare. En changeant de main, il s’apprécie et les cours partent mécaniquement à la hausse suivant la loi de l’offre et la demande. Plus il a de potentiel de garde, plus son potentiel de prise de valeur est effectif.
Le métier d’un conseil en vin d’investissement consiste à lire les marchés et à les surveiller. Même si les cours des 1ers Grands Crus ont reflué, il nous semble encore totalement risqué de proposer à l’achat ses vins dans les millésimes 2009 ou 2010 :
"Sur ces millésimes, l’équipe de Cavissima a d’ailleurs préféré proposer à ses clients de porter leurs achats sur les "Super Seconds" : ces Grands Crus comme Château Léoville Poyferré ou Smith-Haut-Lafitte ayant pris des notes de 100/100 du classement Parker" précise Thierry Goddet, le fondateur de Cavissima.
Le résultat est cinglant. Ces produits se sont avérés bien plus résistants et se sont appréciés de 160% en moyenne (cote WineDecider) quand les 1ers Grands Crus n’ont gagné que 10% après s’être apprécié de 50%.
"Nous n’avons donc pas attendu les messages d’alerte portant sur la présence (ou la fin) d’une bulle spéculative sur les 1ers Grands Crus Classés de Bordeaux, pour appeler à une grande prudence sur le marché du vin en général et sur celui des grands crus en particulier" explique Thierry Goddet. "La prudence impose depuis toujours - et quel que soit le marché considéré - de faire appel à une équipe d’experts dont la mission consiste précisément à protéger ses clients de mauvais choix et à apporter de la valeur".
Si l’investissement dans le vin comporte différents types de risques, il convient de garder à l’esprit que la constitution d’une cave à vin reste avant tout un plaisir. Une cave d’investissement en pleine propriété permet de se constituer un patrimoine destiné à prendre de la valeur ou à être consommé. Ce second cas n’est pas toujours la pire solution : déguster sa propre cave laisse bien souvent un joli goût dans la bouche.