Les marchés n’attendront pas longtemps : les Espagnols sont sur les dents, Mario Draghi, le gouverneur de la Banque Centrale Européenne, est prêt à aider, et l’Eurogroupe d’accord pour débloquer 100 milliards. Notre voisin vit en effet une triple crise : une bulle immobilière qui éclate et met en danger ses caisses d’épargne, une crise de ses finances régionales, le tout sur fond d’une récession qui empire, avec baisse des dépenses publiques, des salaires et des pensions. En contrepartie, et on ne le dit pas, les exportations se redressent : c’est en effet la seule voie pour se sortir d’affaire, en Espagne comme en Grèce, comme en France aussi. Mais la reprise par l’extérieur est toujours lente, bien plus lente que les effets négatifs de la crise financière sur l’activité et la confiance. Voilà pourquoi les autorités espagnoles cherchent l’aide de la zone euro, car la facture dépasse de loin leurs possibilités. Mais, en Espagne ou ailleurs, les hommes politiques n’aiment pas demander de l’aide, préciser son usage, donner des garanties, s’engager sur une feuille de route. Et en Espagne il n’est pas question de demander davantage d’austérité en contrepartie : la leçon grecque a porté.
La zone euro apprend à fonctionner dans la crise. Financièrement, il s’agit d’éviter la peur et la fuite des dépôts bancaires et, politiquement, la rage et la révolte sociale. Cette aide fait ainsi sens, avec un montant conséquent pour les caisses d’épargne qui vont se restructurer, tandis que les grandes banques espagnoles peuvent financer les entreprises du pays. Avec la pression qui monte partout, l’Espagne nous donne l’exemple, plus proche que l’Irlande, de la nouvelle feuille de route : faire intervenir la BCE, rendre plus efficace la puissance publique et soutenir les entreprises pour rebondir par l’export, avec une compétitivité retrouvée. Avant que les difficultés n’empirent, il faut guérir l’Espagne et prévenir ailleurs.