Crédit bancaire : comment les banques démultiplient des euros qui ne leur appartiennent pas

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Par Stéphane Geyres Publié le 18 mars 2013 à 1h51

Dans mon article précédent, sur le paradoxe bancaire, nous avons vu que la banque prend possession de vos liquidités lorsque vous les déposez sur votre compte courant – ou autres comptes.

C’est cette prise de possession qui permet alors à toute banque classique de prétendre à la légitimité d’utiliser les fonds de ses clients pour proposer des crédits, des prêts à d’autres clients. Historiquement, les banquiers ont toujours été tentés par cette possibilité de faire fructifier les fonds qui leur sont confiés sans pourtant leur appartenir. Du fait de la perspective de forts gains via les intérêts, ils commencèrent leurs activités de prêt, au début en prenant le risque de ne pas pouvoir rembourser leurs déposants si ceux-ci devaient tous retirer leurs dépôts en même temps.

Ce qu’il faut bien voir, c’est que prêter des fonds qu’on ne possède pas revient à créer de la monnaie ex nihilo, à partir de rien. Supposons que l’ensemble des dépôts soit de 1 000 000 euros. Prêter disons 100 000 euros à 10% sur cette base signifie qu’il y a juste après l’émission du crédit 900 000 euros dans les coffres, 100 000 euros en circulation. Mais ces 100 000 peuvent eux aussi revenir en dépôt – à la même banque ou à une autre – et conduire à nouveau à un prêt, disons de 10 000 euros. Cette dernière somme est créée ex nihilo, elle n’a aucune réalité auprès des sommes d’origine.

Et c’est bien là le principe de base de la création monétaire moderne. Certes, du fait du rôle de la banque centrale, les mécanismes réels sont un peu plus complexes, mais l’idée de base reste la même : le crédit bancaire est un miracle qui permet à une banque de multiplier des pains qui pourtant ne lui appartiennent même pas au départ. Mais ce n’est pas tout.

Sur l’exemple précédent, le rapport entre la somme des dépôts et celle en circulation est de 9/10. Si le prêt devait ne jamais être remboursé, le banquier prend un risque de ne pas pouvoir rendre leurs fonds à 10% de ses déposants, environ. Avec le temps et les nombreux mécanismes réglementaires mis en place tout au long du XXe siècle, ce taux, dit taux de réserves, a été inlassablement réduit. Selon Wikipedia, pour la Banque Centrale Européenne, « en date du 18 janvier 2012, ce montant est abaissé à 1 % ». Ce qui veut dire que la BCE est autorisée à n’avoir en dépôt qu’un ridicule 1% de l’ensemble des dépôts pour consacrer jusqu’à 99% de ces sommes pour émettre du crédit. Et comme sur l’exemple précédent, ces 99% peuvent revenir en banque pour à nouveau générer du crédit pour 99% qui lui-même pourra encore en produire 99%...

Les calculs montrent qu’il est possible ainsi de gonfler les dépôts d’origine de 1/1% = 100 fois. Notre million de départ devient 100 millions, sur lesquels la banque touche les intérêt d’emprunts. On comprend combien ce mécanisme du crédit et de la réserve dite fractionnaire, permettant à ce point d’enrichir les financiers, voit toujours ses limites et seuils repoussés et son irréalité s’accroître.

Même si cette présentation souffre de bien des simplifications par rapport à la réalité, elle suffit pour montrer que la banque ne dispose jamais dans ses caisses des dépôts des petites gens. Si celles-ci devaient s’entendre et décider ensemble de retirer leur argent – un bank run – la banque ferait instantanément faillite et avec elle l’ensemble de ce système bancaire château de cartes si virtuel.

On constate que le taux de réserve décroît inlassablement, encore l’année dernière. Faisons le pari qu’il continuera à se réduire. Avec lui la taille gigantesque du schéma de Ponzi que constitue la banque moderne continuera à gonfler artificiellement. Et un jour, la faillite générale, inéluctable…

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Simple citoyen viscéralement optimiste, consultant informatique, 25 ans d'expérience, bilingue, ayant vécu dans 5 pays sur 3 continents et connu l'aventure de la création d'entreprise - dans un pays ou c'est mal vu et très aléatoire. Libéral convaincu et même libertarien, venu au libéralisme après des années d'errance politique et une grande déception de la droite traditionnelle, de ses présidents de la 5eme république et de la "rupture" de 2007. Autodidacte et curieux, découvre l'école autrichienne d'économie et engloutit les opus magni de Mises, Rothbard et Hoppe en quelques mois, puis découvre le libéralisme en tant que doctrine et modèle social. La lecture de Salin, Ron Paul, Hazlitt, Ayn Rand et même Mandelbrot finit de me convaincre du bien fondé de l'analyse libérale. Commence alors le projet de contribuer à mieux faire connaître et comprendre le libéralisme, pour que nos enfants vivent dans un monde digne d'eux...

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