Ils se font sobrement appeler « assistants d’aide à la conduite » : les avertisseurs de radars alimentent le business florissant de la sécurité routière, au même titre que beaucoup d’autres entreprises (voir Sécurité routière : le business des fabricants de radars)… C’est ce que révèle Denis Boulard dans son livre « Radar business – A qui profitent les radars ? », qui vient de paraître chez First Editions. Extrait.
« Au sein de l’Afftac (Association française des fournisseurs et utilisateurs d’aides à la conduite), on trouve des petites et des moins petites entreprises. D’Admea-Navirad, Avertinoo à Coyote System et Wikango en passant par Eco & Logic, Inforad, Roadpilot, Takara et Telmap, tous les acteurs du marché sont présents. Tous, sauf TomTom, Garmin et NavX. Nous allons y revenir.
Ce marché pèse près de 40 millions d’euros, dont 85 % sont détenus par les deux « grands » du secteur : Coyote System et Wikango. Ce dernier avance un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros (après une naissance en 2004 avec 7 000 euros de capital !). Créé en juin 2005, Coyote System compte 200 salariés et vend, en moyenne, 10 000 « Coyote » par mois (avec des pics à 20 000), dont le prix varie de 149 à 199 euros. Son chiffre d’affaires a explosé, passant de 4,3 millions en 2007, à 72 millions en 2011.
En mai 2011, au lendemain du CISR (Comité Interministériel de la Sécurité Routière) menaçant l’existence de son entreprise, Fabien Pierlot (PDG de Coyote System et président de l’Afftac) poursuit les médias et organise des conférences de presse. Il explique que « les zones de danger sont celles où sont installés des radars ou celles que le gouvernement nous indique, elles sont longues de quatre kilomètres sur autoroute, de deux kilomètres sur routes et de 300 mètres en agglomération ». (...)
NavX n’a, lui, pas hésité à saisir le Conseil d’État en référé-suspension. Afin de faire suspendre, ou même interdire, le décret paru le 3 janvier 2012 au Journal officiel interdisant les avertisseurs de radars. Mais le 8 février dernier, le Conseil d’État a rejeté la demande de NavX. Avant de l’étudier « sur le fond » et de rendre son avis dans huit à neuf mois. C’est-à-dire après la présidentielle et les législatives. La justice est prudente.
Mais quelle est l’argumentation de NavX ? Son avocat, Ron Soffer, estime que ce « décret est tout simplement illégal, puisqu’il va, de manière flagrante, à l’encontre de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit la liberté d’expression et d’échange d’information entre citoyens ».
Dans l’ombre, les forces de l’ordre attendent, elles, de savoir comment faire pour appliquer ce décret, qui interdit les avertisseurs de radars sous peine d’une amende de 1 500 euros. Mais comment reprocher aux conducteurs la présence dans leur véhicule d’un GPS avec localisation des radars, lorsque ce matériel est de série ? Et que fabricants et constructeurs n’ont pas de solution – à l’heure actuelle – pour changer ces données ? »
Extrait du Chapitre 9 - Radars anti-radars
« Radar business – A qui profitent les radars ? »
First Editions
ISBN : 978-2-75-403772-3
160 pages
12 euros