Alors que la crise de l’euro s'aggravait, l’Allemagne apparaissait à l'abri, havre de prospérité et de tranquillité. Le chômage reculait, les exportations explosaient... Le moteur de l’économie européenne semblait immunisé contre les sévères contractions économiques et autres spirales de la dette qui touchaient ses voisins, les uns après les autres.
Or l’état de grâce pourrait bien être fini. Les dernières nouvelles économiques montrent une Allemagne sur le point d’attraper le virus de la zone euro ! En effet, les exportations de l’Allemagne ont baissé de 1,7 % en avril, après un recul de 0,8 % déjà constaté en mars. Les importations suscitent également des inquiétudes. Après la prise en compte des variations saisonnières, elles ont chuté de 4,8 %, signe d'un possible ralentissement de la demande domestique.
Autres mauvaises nouvelles : les commandes industrielles allemandes ont baissé en avril, à une allure que les Allemands n’avaient pas connue depuis novembre 2011. Et l’indicateur IFO sur le climat des affaires a lui aussi chuté en mai, pour la première fois depuis six mois. Cerise sur le gâteau : l’effondrement de l’industrie automobile, observé à travers l'Europe, a commencé à toucher l’Allemagne. La production a baissé de 17 % en mai, par rapport à l’année dernière, alors que les exportations ont diminué de 13 %.
Malgré ces inquiétudes – renforcées la semaine dernière par Moody's qui a abaissé la note de six banques allemandes –, la situation de l'économie nationale est loin d'être dramatique. Des milliards d’euros ont été placés en sécurité dans les caisses des banques allemandes, notamment par des investisseurs et épargnants européens, malgré un rendement souvent négligeable.
Les pays en plus grande difficulté espèrent que l’Allemagne profitera des taux d’intérêt bas pour aider à collectiviser la dette de la zone euro, à travers l'émission d’obligations financières conjointes – les fameuses « euro-obligations » ou « eurobonds », rendant moins cher l’emprunt pour les autres pays.
Mais dans un tel scénario, les taux auxquels l’Allemagne emprunte sur les marchés obligataires augmenteraient à leur tour, inéluctablement. D’après Bert Van Roosebeke, un expert en politique économique au Centre pour la politique européenne, basé à Fribourg, « l’Allemagne finira par ne plus être fiable pour beaucoup de pays, et ce de plus en plus. Cela n’aura pas un effet positif sur son classement. Je ne pense pas que l’Allemagne arrivera à rester immunisée. »
Par Siobhan Dowling
Global Post / Adaptation Annabelle Laferrère - JOL Press
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