C’est un article des Échos qui soulève un coin du voile de cet autre article de la très riche Loi Sapin 2, un espèce de texte fourre-tout bien pratique et assez opaque, mais ce n’est pas le sujet. Non le sujet c’est cette nouvelle technique secrète pour masquer les faillites bancaires, une technique qui va vous coûter très cher et dont la logique, vous allez le comprendre, est particulièrement tordue.
Les règles préconisées par Bercy en matière de faillite fin 2015 ont été intégrées au projet de loi Sapin 2.
Comme le rappelle les Échos, « ce principe issu de la crise financière de 2007 veut qu’un État n’ait plus à financer le sauvetage d’une banque en perdition, mais que cette charge pèse désormais sur des parties prenantes privées. Dans l’ordre, les actionnaires seraient les premiers sollicités, puis sur les détenteurs de dette, et enfin dans certaines limites sur les déposants de la banque (au-delà de 100 000 euros de dépôts garantis). Si cela ne suffit pas à éponger les pertes, un fonds de secours commun (abondé par les banques et en cours de constitution) serait ensuite sollicité. Ce dispositif est officiellement entré en vigueur le 1er janvier dernier au niveau européen, mais il laissait aux États le soin de régler un sujet majeur : la hiérarchie détaillée des créanciers appelés à passer à la caisse. Ce sujet relève en effet du droit des faillites, qui est resté du ressort national »…
L’idée c’est de créer des titres qui seront tout de suite classés comme « perdants » et donc « perdus ».
« L’idée française est de proposer un aménagement destiné uniquement au secteur bancaire. Une autre voie se dessine en France : les banques pourraient émettre une nouvelle catégorie de dette justement destinée à absorber les pertes en liquidation. En cas de bail-in, ces nouveaux titres serait sollicités juste après la dette subordonnée, et juste avant la dette senior actuelle. « Les émissions de titres relevant de cette nouvelle catégorie pourront débuter à compter de l’entrée en vigueur de la loi », a expliqué le gouvernement en présentant son projet. Sauf incident de parcours, ces nouveaux titres pourraient apparaître dès le mois d’août espère-t-on côté bancaire. Restera alors à vérifier les volumes d’émission et surtout l’appétit des investisseurs pour cette dette d’un nouveau genre. »
Qui va acheter des titres de banques fragiles non-remboursés en cas de faillite ? Ben vous pardi, hahahahaha !!
Bon, dans la vie, il ne faut pas être naïf, sous peine de se faire couillonner dans les grandes largeurs avec une régularité de métronome. Il faut donc voir au-delà des apparences qui peuvent être très séduisantes je vous l’accorde. D’ailleurs, l’article des Échos que je cite ici explique doctement que tout cela est fait pour votre bien et que cela vise évidemment « à protéger les petits épargnants »… Foutaises et faux-culisme !! Enfin pas totalement, disons que cela ne protégera pas les mêmes personnes.
Explications et avant une question.
Avez-vous envie d’acheter ce genre de titres dans un contexte de taux négatifs ? Parce que disons-le, le rendement sera relativement faible et le risque maximal. Alors, vous voulez-vraiment acheter ce genre d’obligations ?
Évidemment non ! Si vous ne voulez pas le faire, il y a peu de chance que le voisin le fasse lui aussi. Donc l’idée, monstrueuse, sera évidemment que les banques vont émettre ces titres, et qu’ils vont bien être achetés, en grande partie par les compagnies d’assurance vie avec votre argent et que tout ce risque va être réparti sur le plus grand nombre des épargnants les plus riches via un savant saupoudrage dans tous les fonds euros de France et de Navarre !!
En cas de faillite bancaire, vous serez couillonné non pas deux fois, mais en fait vous le serez 3 fois.
La première fois comme client de la banque, la deuxième fois comme détenteur d’un contrat d’assurance farci de dettes bancaires, la troisième fois, évidemment, comme contribuable, car s’il arrive quelque chose à une banque française systémique, je vois mal l’État, malgré ses belles législations, tout laisser tomber, ou alors… il faudra laisser tomber la garantie des dépôts totalement factice des 100 000 euros qui est une belle illusion collective comme je pouvais le raconter ici dans cet article sur le FGDR (Fonds de garantie des dépôts et de Résolution).
N’oubliez pas non plus comme, j’ai pu le raconter dans cet article, la situation effroyable des bilans de nos grosses banques !
Tous les épargnants doivent prendre conscience du risque désormais important de détenir des actifs financiers exposés à la société de dette et au risque monétaire. L’argent ne rapporte plus rien, voir coûte avec les taux négatifs, c’est le référentiel total du monde des placements et de la gestion patrimoniale qui a changé ces dernières années. Pourtant, l’essentiel des épargnants continuent à appliquer les mêmes recettes que par le passé et me demandent… « comment faire pour trouver du rendement sans risque et sans rien faire de manière simple et facile ? » Eh bien la réponse est très simple mes amis : il va falloir que vous acceptiez soit l’absence de rendement, soit beaucoup de risques, soit de faire quelque chose qui ressemble à travailler… Quand je parle de ce dernier point, je ne tombe pas dans la « macronite aiguë », je vous dis que désormais, les investissements doivent être « productifs » pour donner du rendement… Il faut donc investir dans la vraie vie, plus dans des actifs financiers virtualisés. C’est évidemment loin d’être simple ou aisé, encore plus pour nos seniors.
En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae