Hier, je vous parlais de l’idéologie et de ses ravages. J’évoquais évidemment l’idéologie socialiste, ce qui m’a valu quelques piques acerbes dans le courrier des lecteurs du type « plutôt que de taxer à 75 % les riches, taxons les petites c’est bien ça ? »… Eh bien non, ce n’est pas ça du tout. Dire et dénoncer une idéologie qui consiste à faire du riche l’ennemi du pauvre cela ne veut pas dire que c’est le pauvre qui doit payer !! Non, non et non. Dans tous les cas, la question qui se pose c’est celle de la répartition de la richesse.
Et c’est une question à laquelle il n’y a jamais eu de réponse totalement efficace apportée. Depuis des millénaires, on tâtonne, on expérimente et surtout on s’affronte, que ce soit au niveau des idéologies ou des luttes des classes, car ne nous leurrons pas, la lutte des classes continue et comme le disait Warren Buffett, « c’est ma classe (celle des riches) qui a gagné »… Alors oui il faut répartir les richesses de façon optimale mais rien n’est optimal lorsque l’on taxe à 75 %… alors que l’on a les frontières ouvertes, et j’insiste sur l’importance de ce point. Dans un monde fermé, la taxe à 75 %, à défaut d’être juste ou équitable, a un sens dans la mesure où celui qui doit la payer ne peut pas y échapper, tandis que dans un monde ouvert où le contribuable peut fuir, excusez-moi mais il faut être un peu stupide pour croire que cela peut marcher !
Bon, à propos de justice sociale, nos amis Croates ont eu une idée qui ne consistait pas à aller taxer les riches à 75 % et plus mais à effacer la dette des plus pauvres… Comme quoi, on peut régler un problème de plusieurs façons. En France, pour régler un sujet, on invente une nouvelle taxe mais on pourrait faire autrement, si, si je vous assure !!
La Croatie efface les dettes de ses citoyens les plus démunis
Voilà l’essentiel de ce que nous apprend cet article de La Tribune qui revient sur ce sujet :
« Cette mesure consiste notamment à effacer les dettes des personnes en difficulté, à hauteur de 4 500 euros, par des entreprises publiques, des opérateurs de téléphonie et des banques.
La Croatie, tout dernier membre de l’Union européenne, a démarré lundi un programme d’effacement des dettes de plusieurs dizaines de milliers d’habitants les plus démunis ayant des difficultés à les rembourser à cause d’une récession économique longue de plus de six ans. Le gouvernement a indiqué que le montant total des dettes qui seront supprimées est d’environ 46 millions d’euros, soit 0,1 % du PIB.
Au total, quelque 60 000 personnes pourront bénéficier de cette mesure unique adoptée à la mi-janvier par le gouvernement de centre-gauche à la popularité décroissante, alors que les élections législatives sont prévues à la fin de l’année.
Cette mesure concerne également les personnes ou les familles les plus démunies, qui touchent déjà des allocations sociales. Elle s’appliquera à ceux dont les revenus mensuels ne dépassent pas 325 euros, ainsi qu’aux familles dont les revenus cumulés ne dépassent pas 160 euros pour chacun de leurs membres. »
Que se passe-t-il si on annule les dettes ?
La dette de Dupond c’est une créance de Durand… voilà ce qu’il faut retenir comme grand principe général. En clair, mon emprunt provient de votre argent. Par extension, on peut dire que c’est l’épargne des uns qui finance les dettes et les dépenses des autres. Annulez les dettes des uns et en réalité vous annulez l’épargne des autres.
C’est particulièrement flagrant pour ceux qui détiennent des obligations d’État. Un titre obligataire c’est une reconnaissance de dette certes mais tous vos sous placés dessus n’existent plus et si l’État ne rembourse pas son crédit, vous serez ruiné !
Ne pas payer ses dettes ou voir ses dettes annulées, dans tous les cas c’est faire défaut, faire faillite. Il ne s’agit pas de savoir si c’est bien ou mal. Économiquement parlant, si on annule des dettes, cela fera des pertes à d’autres, premier constat. Deuxième constat : en dehors de toute morale, ce qui est certain c’est qu’arrivé à un certain point, le remboursement des dettes n’est plus possible, il est illusoire et le droit français prend d’ailleurs en compte cet état des choses avec ce que l’on appelle la « commission de surendettement », ou la « faillite personnelle » dans le droit anglo-saxon.
Donc la bonne question à se poser en tant qu’épargnant est que se passera-t-il pour moi si les faillites y compris d’États se multiplient et comment me protéger de cela ? Car si la Grèce ne remboursera jamais sa dette, si beaucoup de Croates non plus, je peux vous assurer qu’ils sont loin, très loin d’être les seuls dans ce cas.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.