Le secteur de l’aviation civile semble se porter au mieux en ces temps de crise. En moins de 24 heures, ce sont deux commandes géantes qui ont été enregistrées chez chacun des deux leaders mondiaux que sont Boeing et Airbus. Airbus s’est ainsi vu commander 234 A320 par la compagnie indonésienne Lion Air, et son concurrent américain Boeing a reçu une promesse de commande de 175 B737-800 de la part de RyanAir. Le point commun entre les deux contrats ? Les acheteurs sont des compagnies aériennes low cost.
Entre compagnies low cost et marché asiatique
Car s’il y a bien un secteur que la crise ne touche presque pas, c’est bien celui de l’aéronautique civil. Le trafic aérien mondial a continué à croître ces dernières années, justement grâce au low cost, qui a généré une nouvelle clientèle. La croissance fulgurante du continent asiatique est aussi un moteur de ces évolutions : ce marché devrait représenter un tiers des livraisons d’avions en 2030, et ce afin de répondre à un trafic aérien qui devrait doubler d’ici là.
Revenus à long terme
Pour les avionneurs, signer de tels contrats avec les compagnies low cost est devenu une manne primordiale. Ces compagnies émergentes deviennent de plus en plus puissantes sur le marché du transport aérien, et les commandes passées avec les constructeurs sont des promesses de revenus à long terme.
En effet, Michael O’Leary, patron de RyanAir, avait laissé entendre qu’il envisageait de changer de fournisseur, voire même de commander des avions chinois. Opération finalement impossible pour la compagnie low cost : changer de constructeur génèrerait des surcoûts importants en formation des pilotes et des mécaniciens. C’est pourquoi un premier contrat ou une grosse commande sont l’assurance pour un avionneur d’une clientèle durable et plus ou moins captive.
Une spéculation qui inquiète le marché
Pourtant, ces commandes géantes inquiètent de plus en plus le marché aéronautique. En s’engageant pour de tels volumes de production, les constructeurs spéculent à bien des égards sur un secteur en perpétuel mouvement. Des commandes de plus d’une centaine d’appareils présente donc une triple préoccupation : d’abord, ces livraisons ne prennent pas en compte l’évolution de l’activité des compagnies clientes. Les prix de ventes des avions sont de plus rabaissés intentionnellement, afin d’obtenir les contrats plus facilement. Enfin, le marché de l’occasion connaît de plus en plus de difficultés à revendre les vieux appareils.
Mais tant que les compagnies low cost continueront de gagner des parts de marché, le boom de l’aviation civile se poursuivra. Une tendance qui tend néanmoins à se désamorcer, à en juger par le ralentissement nouveau de la croissance de ces compagnies – selon Les Échos, RyanAir affichait une croissance de 10 % dans les années 2000 et ne devrait présenter qu’un chiffre de 5 % d’ici 2018.