Trois professeurs de finance d’Audencia Nantes Ecole de Management ont conduit pendant trois ans une vaste étude sur les clubs de football français de la ligue 1 dont ils révèlent les résultats et le classement à partir de trois critères : financier, économique, sportif.
A rebours des idées reçues, cette étude démontre que les clubs qui ont les meilleurs résultats dans le championnat de Ligue 1 sont ceux qui, malgré une bonne performance économique, éprouvent le plus de difficultés sur le plan financier.
Performances contraires
Au travers des recherches qu’ils ont menées sur les 13 clubs français qui se sont maintenus en Ligue 1 entre 2011 et 2013, les professeurs Christophe Germain, Emilios Galariotis et Konstantinos Zopounidis aboutissent au constat que les 13 clubs les plus performants sur les plans sportif et économique s’avèrent être ceux qui sont les moins performants sur le plan financier. Cette recherche sur l’univers du football français, l’un des plus contrôlé et encadré en Europe, laisse penser que ces résultats pourraient s’appliquer à l’ensemble du football européen : les mauvais élèves sur le plan sportif sont ceux qui obtiennent les meilleures notes sur le plan financier.
L’idée répandue selon laquelle les clubs les plus performants financièrement et les plus riches sont ceux qui réalisent les chiffres d’affaires les plus élevés est, selon l’étude, une pure vue de l’esprit. De même, les revenus générés par les activités marchandes ne se traduisent pas par une meilleure situation financière des clubs.
L’AS Saint-Etienne et le PSG seuls bons élèves partout
Au travers du classement issu de l’étude, seuls l’AS Saint Etienne et le PSG réussissent la prouesse de s’afficher parmi les 5 premiers sur les trois dimensions financière, économique et sportive. Champion en 2011, le LOSC de Lille n’a terminé par exemple que 7ème dans le classement financier de la même saison. Les 5 clubs les plus performants financièrement en 2011 (FC Sochaux, Toulouse FC, AS Saint-Etienne, FC Lorient et Girondins de Bordeaux) ne correspondaient absolument pas aux 5 premiers du classement sportif 2011 (LOSC Lille, OM Marseille, OL Lyon, PSG, FC Sochaux). Deux clubs apparaissaient dans les deux classements en 2013 (le PSG et l’AS Saint Etienne). La seule vraie exception à cette règle concerne le Montpellier-Hérault FC qui réalise l’exploit de se hisser à la première place des classements financier et sportif en 2012.
Lien entre revenus élevés et succès sportif
L’étude souligne également le lien entre les revenus les plus élevés et le succès sportif. Les recettes générées par les activités marchandes sont utilisées pour renforcer sportivement les équipes, recruter des nouveaux joueurs puis payer leurs salaires. Lorsque ces recettes ne suffisent pas, les clubs recourent à l’endettement. A titre d’illustration à l’échelle européenne, les 235 clubs qui ont participé en 2012 aux coupes européennes ont dépensé 15% de plus qu’ils n’ont gagné (environ 1 milliard d’euros).
L’application de l’arrêt Bosman pose question
En cause, le lien très étroit entre les aspects sportif et économique des clubs est l’un des effets de l’arrêt Bosman qui permet aux clubs de recruter un nombre illimité de joueurs de l’Union Européenne. Ainsi, les clubs les plus puissantss’offrent les meilleurs joueurs. Depuis l’application de l’arrêt Bosman en 1995, seuls 5 pays (Italie, Allemagne, Espagne, Angleterre, Portugal) ont vu l’un de leurs représentants remporter la ligue des champions. Avant 1995, les équipes de 10 pays différents avaient gagné ce titre.