L’urbanisation est désormais un phénomène puissant et irréversible. Afin de satisfaire les besoins des citadins tout en respectant la planète, nos villes devront être de plus en plus intelligentes, inclusives et connectées.
Actuellement, la moitié des habitants de notre planète (3,6 milliards de personnes) vivent dans des villes, et ils devraient être 70 % (6,3 milliards) en 2050. Autant dire que l’avenir de l’humanité dépend de celui de ses villes, et que les défis sont de taille. Selon l’ONU, la redistribution de la population « est à l’origine d’une multitude de problèmes graves, tels que l’approvisionnement en eau, le manque d’hygiène, le manque d’habitation, la pauvreté urbaine, l’insuffisance de la gouvernance urbaine, le VIH et le sida ».
L’innovation, une solution à l’urbanisation
Mais si certains sont tentés par la nostalgie et rêvent d’improbables paradis perdus, d’autres préfèrent miser sur des solutions innovantes pour faire face à l’urbanisation. C’est ainsi qu’on entend de plus en plus parler de smart city, ville numérique, green city, connected city, éco-cité ou encore villes durables. Autant d’expressions qui désignent les efforts des villes pour tirer le meilleur parti des informations et circulations urbaines afin de devenir plus fluides, plus sûres, plus économes, plus citoyennes, plus conviviales et plus écologiques.
Comme le résume Rudolf Giffinger, expert en développement urbain à l’Université technologique de Vienne, la ville intelligente « cherche à concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux à travers une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles ». Pour devenir « intelligentes », nos villes devront s’appuyer sur les nouvelles technologies de l’information et la communication (TIC) pour développer des services performants dans les domaines du transport, les déchets, l’énergie, les équipements publics ou encore l’habitat et l’immobilier.
La ville intelligente : un marché de 6 à 8 milliards de dollars
Et cela marche de mieux en mieux. De grandes entreprises des TIC (Google, IBM, Cisco) ainsi que des opérateurs traditionnels de la ville et des réseaux (Bouygues, ERDF, Veolia) s’intéressent depuis plusieurs années à la mobilisation du « big data », et le marché de la ville intelligente a le vent en poupe. Selon une étude du cabinet EY, il représente actuellement entre 6 et 8 milliards de dollars et pourrait atteindre 20 à 40 milliards d’ici à 2020. « Certains avancent même le chiffre de 100 milliards de dollars pour la prochaine décennie », affirme Nicolas Clinckx, directeur associé chez EY.
Que ce soit à Séoul, New York, Tokyo, Shanghai, Singapour, Amsterdam, Le Caire, Cochin ou Malaga, les expérimentations sont nombreuses. Elles portent sur les infrastructures, par exemple lorsque l’éclairage public s’adapte à l’affluence ou qu’une défaillance des réseaux d’énergie et d’eau est repérée en temps réel. Mais les usages sont également réinventés, comme lorsque les voyageurs peuvent calculer leur itinéraire en temps réel ou qu’un opérateur propose d’établir une tarification évolutive pour fluidifier le trafic. Dans tous les cas, l’optimisation des flux et des réseaux logistiques permet de réduire l’empreinte écologique des villes : pollution de l’air, production de déchets, consommation d’énergie…
Mais pour être efficace, le concept de ville intelligente doit aller au-delà de l’intégration des technologies numériques et prendre en charge des aspects sociaux et environnementaux tels que l’éducation, la biodiversité, la sécurité et la citoyenneté. C’est d’ailleurs à cette condition que le Fonds monétaire international et la Banque mondial s’y intéressent. Ainsi, les deux agences ont décidé d’apportent leur soutien économique à la nouvelle stratégie de Maurice, qui a fait du développement des smart cities un axe essentiel de sa politique économique, que le pays veut durable et inclusive.
Le FMI s’engage pour l’Astana EXPO-2017
Persuadée qu’elle aura l’occasion de découvrir d’autres projets capables d’apporter des solutions aux problèmes les plus urgents de notre planète, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a décidé de se rendre à l’exposition « Astana EXPO-2017 ». Autour de cet événement, la capitale du Kazakhstan entend lancer sa transition vers la ville durable tout en renforçant l’innovation en matière de technologies de la communication. Pour la capitale kazakhe, EXPO-2017 sera également l’occasion d’accélérer l’implémentation des différents projets « smart » lancés récemment. Une clinique, une école et même un système d’éclairage public intelligents sont actuellement en développement à Astana. De quoi retenir l’attention de Mme Lagarde, d’autant plus que les composantes sociale et environnementale sont au cœur de chaque projet.
Ce sera également l’occasion pour de nombreux acteurs de passer le cap de l’industrialisation. En effet, comme le rappelle Nicolas Clinckx, la plupart des projets pour construire des villes intelligentes restent modestes, 34 % d’entre eux étant inférieurs à 100 000 euros. Le passage à grande échelle est dès lors indispensable pour que ces initiatives puissent démontrer leur retour sur investissement. Elles peuvent donc compter sur des évènements de ce type pour séduire et convaincre les industriels du monde entier de se convertir à la ville de demain.