Voyez-vous je pense et je l’avais déjà écrit dans un article intitulé « la bataille de l’emploi est déjà perdue » et publié par le l’un des plus gros médias belge en 2012, que réduire le coût du travail, alléger les charges, ou réduire le droit, supprimer le SMIC, tout cela n’a aucun sens économique sinon que de nous amener dans une spirale déflationniste mortifère et c’est une évidence.
L’emploi de masse bien payé est déjà mort !
Entre les délocalisations, les pays à main-d’œuvre low cost, les progrès de l’informatique et l’arrivée de la révolution robotique l’emploi salarié tel que nous l’avons vécu et connu au 19ème et 20ème siècle est mort.
Souvenez-vous de la révolution industrielle, des luttes des camarades pour arracher de haute lutte à un patronat sans foi ni loi quelques avantages, souvenez-vous de l’arrivée du droit social plus connu sous le vocable droit du travail.
La gauche n’y est pas étrangère évidemment, en particulier les « communistes » des différentes époques.
Ni pour ni contre, telle n’est pas la question mais le constat historique. Essentiellement la gauche a permis aux masses de passer du « salaire de subsistance » au salaire de confort. Les travailleurs sont devenus des consommateurs solvables soit dit en passant aussi pour le plus grand profit des entreprises.
Terra Nova, le think-tank qui pense une nouvelle ligne Maginot…
Et dire qu’à gauche nous n’avons plus d’audible, en terme d’idée, qu’un think tank du nom de Terra Nova dont la dernière trouvaille consiste à croire que le « prôôôgrès » (car Terra Nova se défini comme progressiste ce qui veut dire l’exact contraire) c’est détruire le droit du travail en espérant lutter ainsi contre le chômage.
On ne luttera pas contre le chômage de cette façon-là car très bientôt de toutes les façons, même avec un salaire faible les robots seront plus rentables que les hommes et nettement moins pénibles à gérer. Regardez l’exemple de cette usine Foxconn (oui celle qui fabrique tous vos i-machins et autres i-bidules) et bien Foxconn remplace avec constance 1 million de ses ouvriers par 300 à 400 000 robots…
Le grand principe du rapport Terra Nova ? La loi est inutile… or la loi fonde un Etat!
Ce sera au niveau de l’entreprise que les règles du droit du travail seront fixées. La loi ne doit plus avoir qu’un rôle secondaire…
D’ailleurs la loi « ne sert à rien » (ironique évidemment). Comprenez-moi bien, la loi sert à protéger le faible contre le fort.
Lorsque les entreprises veulent, militent, corrompent pour imposer les traités qui consacrent les tribunaux privés d’arbitrages c’est pour s’affranchir des lois et des juges qui protègent les pauvres, les faibles.
Qui sont les faibles ?
Les particuliers par opposition aux entreprises.
Les salariés dans un monde de chômage de masse par opposition aux patrons.
Les pauvres sans éducation par opposition aux riches biens formés.
Les malades par opposition aux biens portants…
Le vieux retraité par rapport au jeune actif…
Et vous, nous, moi, eux, nous serons tous faibles à un moment de notre vie et dans un monde injuste la loi (aussi critiquable soit-elle) permet de s’extraire de la loi du plus fort.
Je cite ce passage édifiant de la Tribune
« En d’autres termes, Cette/Barthélémy veulent que chaque entreprise puisse bâtir son propre droit du travail et ce n’est qu’en l’absence d’accord que la loi ou le règlement serait applicable dans l’entreprise.
Des accords qui s’imposent aux salariés
Mieux, cet accord d’entreprise serait également imposable au salarié qui ne pourrait plus arguer que son contrat de travail contient des dispositions plus avantageuses pour refuser son application, sauf s’il s’agit vraiment d’un « élément substantiel absolu » du contrat (la qualification par exemple).
Si un salarié refuse l’accord, il pourra alors être licencié sans aucune autre motivation à fournir par l’employeur. Il s’agirait d’une « rupture sui generis » qui permettrait cependant de s’inscrire à l’assurance chômage mais qui ne donnerait aucun droit en matière de reclassement comme cela existe lors d’un licenciement économique. Cette et Barthélémy imaginent même que l’indemnité de départ servie au salarié pourra être prévue par l’accord collectif d’entreprise…
Le salarié licencié ne pourra donc pas revendiquer l’indemnité conventionnelle fixée par la branche, voire l’indemnité légale fixée par le Code du travail… »
Vous devez comprendre que c’est la fin de toute protection sociale et la fin du salariat
J’aurais l’occasion de revenir très longuement et de façon très spécifique sur les stratégies de protection personnelle à mettre en place dans les plus brefs délais pour vous adapter à la période de changements majeurs qui s’ouvre devant nous.
Le monde change, que cela nous plaise ou non. Nous pouvons lutter, expliquer que cela ne changera rien au taux de chômage, cela nous sera imposé car la démocratie que nous connaissions, sans tambour ni trompette s’est effacée dans le silence assourdissant des pantoufles pour laisser la place au totalitarisme marchand.
C’est à chacun de nous de choisir si nous en serons une victime consentante, ou si nous résisterons en utilisant des moyens qui vont permettre d’assurer notre liberté individuelle.
Et la première chose à faire, ce n’est pas de se lamenter.
C’est de réfléchir à ce que je ferai demain si je perdais mon travail ?
Comment assurer mon employabilité ?
Comment investir dans ma personne ?
Comment avoir plus de valeur sur cet immense marché impossible du travail ?
Comment, être un intermittent du spectacle capitaliste qui ne soit pas misérable et condamné à un salaire de subsistance ou aux minimas sociaux et sans espoir d’en sortir ?
En attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit pour Insolentiae, le nouveau blog de Charles Sannat