Ils ont l'air de croire aux prophéties auto-réalisatrices. Alors que Bruxelles a renouvelé ses doutes quant au fait que la France parviendrait à ramener le déficit sous la barre fatidique des 3% comme elle s'y est engagée –la Commission table sur 3,75% en 2015, très loin de l'objectif de 2,8 % qu'elle avait fixé au gouvernement français en lui accordant un délai supplémentaire d'un an pour "revenir dans les clous", comme nous l'expliquions ici-, les ministres français montent au créneau : Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, et Bernard Cazeneuve, son compère du Budget, ont affirmé que si, bien-sûr que si, l'Hexagone tiendra ses engagements : un déficit équivalent à 3% du PIB en 2015, promis juré !
Bruxelles n'a pas la même vision optimiste de l'avenir que nous
Comment feront-ils ? Il leur suffira de maintenir le niveau des économies -15 milliards d'euros prévus en 2014. Par la même occasion, les deux ministres ont réitéré leur certitude que le déficit s'établira à 3,6% du PIB en 2014, quand Bruxelles s'entête à parler de 3,8%.
Autre point de désaccord dans la lecture de l'avenir : Bruxelles semble convaincu que la courbe du chômage ne s'inversera pas d'ici la fin de l'année.
Ceci mis à part, la Commission rejoint les ministres en matière de perspective de croissance. Ouf ! Après une croissance de 0,2% cette année (contre une légère récession de 0,1% anticipée en début d'année), Bruxelles mise aussi, comme la France, sur un PIB en hausse de 0,9% en 2014 et 1,7% en 2015. On croise les doigts !
La Commission va bientôt rendre son avis sur notre Budget
C'est le 15 novembre que la Commission doit rendre son avis définitif sur le budget français, sachant que fin septembre, à l'issue d'une première lecture sans doute express, elle a déjà dit qu'elle le trouvait « sérieux », « responsable » et basé sur des hypothèses « plausibles ».
Pour la première fois, le texte a été soumis d'abord à Bruxelles. Auparavant, le texte était transmis à l'Assemblée nationale, qui disposait de 40 jours pour en discuter, puis au Sénat, qui disposait de 20 jours pour l'examiner. Ensuite seulement, en décembre, il était transmis à la Commission Européenne.
Mais en mars dernier, une nouvelle législation, qui octroie un droit de regard à la Commission sur la construction des budgets des États membres, a été adoptée par le Parlement européen.