Il est temps d'arrêter de trainer ce boulet. Après vingt ans de scandale politique et financier, l'Etat a annoncé qu'il allait emprunter, une bonne fois pour toutes, la somme de 4,5 milliards d'euros sur les marchés pour solder la dette du Crédit Lyonnais.
Le bon moment pour régler l'ardoise
Cette dette est à rembourser d'ici le 31 décembre 2014 donc l'Etat, bon payeur, anticipe l'échéance. En réalité, la ligne budgétaire est déjà intégrée aux dépenses publiques.
L'Etat profite surtout des bonnes conditions d'emprunt dont il bénéficie actuellement sur les marchés, avec des taux historiquement bas.
Même quand le solde intégral sera remboursé, l'Etat n'en aura pas fini avec l'affaire du Crédit Lyonnais. On se souvient que Bernard Tapie a eu un litige avec le Crédit Lyonnais à l'époque de la vente d'Adidas à la banque et qu'il a pu toucher la somme de 403 millions d'euros grâce à un arbitrage en sa faveur. L'homme d'affaires, qui se défend bec et ongles, a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée ».
Crédit Lyonnais : Chronique d'un désastre
Après des années de succès financier et des résultats mirobolants, le Crédit Lyonnais a d'abord connu des difficultés importantes au tournant des années 1990. Bercy a alors mis en place deux plans de sauvetage, en 1994 et 1995.
Puis en 1995, le Consortium de réalisation (CDR) est créé avec pour objectif d'éponger les dettes de la banque, en cédant ses actifs les moins rentables. Certains accuseront l'Etat d'avoir bradé les biens de la banque, et d'avoir entrainé des pertes colossales.
Tout au long du sauvetage, de sombres histoires impliquant la mauvaise gestion de l'entreprise par ses anciens dirigeants, des investissements pourris, un mystérieux incendie au siège qui détruit les archives, apparaissent.
Finalement, sous la pression notamment de l'Union Européenne, la banque est privatisée en 1999. L'État conserve alors 10% du capital, jusqu'en 2002, où il vend sa participation.