L'avalanche de plans sociaux et la montée endémique du chômage qui atteint des records inégalés depuis l'arrivée de François Hollande au pouvoir relancent le débat des chimères responsable de ce cancer : l'immigré venu voler le travailleur français, la Chine accusée de dumping social, ou bien les machines qui remplacent les hommes ? Comment résister face à ce flot de malheurs qui s'abat sur l'économie française ? Inventer une nouvelle « taxe robot » à l'heure de l'Internet 3.0, la révolution des machines ?
Voyons, le meilleur moyen d'éliminer le chômage serait de forcer les entreprises à utiliser des petites cuillères à la place des tractopelles dans les chantiers. Tout un arsenal de mesures protectionnistes, et de taxes est à l'agenda. Malheureusement, il ne fait qu'accélérer la chute d'une économie à contre courant, bien en berne de comprendre les mécanismes du marché de l'emploi.
On nous dira que le travailleur français à une meilleure productivité que ses voisins. Mais lorsque le coût du travail augmente, il devient plus intéressant pour une entreprise de substituer un travailleur par du capital pour automatiser son appareil de production. Ainsi, la France avec son taux « élevé » de productivité a aussi un ratio capital-travail plus important parmi ses voisins. En comparant la productivité du travail pour un même ratio de capital investit, on se rendrait vite compte que la productivité exceptionnelle du travail français est un mythe.
Ainsi, les vrais coupables du chômage sont les barrières à l'embauche, le manque de formation, et les aides sociales qui découragent le travailleur d'accepter un emploi, comme l'évoque le prix Nobel d'économie Gary Becker. La situation américaine n'étant guère différente de la nôtre, finalement.
Peu d'hommes politiques ou responsables syndicaux expliquent que le SMIC, le manque de flexibilité au licenciement, les taxes sur le salaire, et toutes les restrictions à l'emploi sont l'ennemi public numéro 1 du chômeur en quête d'un emploi. Le marché du travail est la réunion de travailleurs prêt à accepter un certain prix, et d'employeurs prêt à payer une certaine contre partie d'un travail.
Si par des mécanismes artificiels, on élève le coût du travail, ce sont des employeurs qui ne seront plus prêts à embaucher, car la valeur créée se retrouverait inférieure au coût du travailleur ; ils substitueront emplois contre machines, ou simplement mettront un terme à leur activité. Par ailleurs, on oublie que les compensations financières ne sont pas la seule rétribution d'un travail.
Certains y voient aussi une rétribution sociale : la possibilité d'acquérir une expérience, ou celle de conserver un pied dans la vie active, comme le jeune retraité qui voudrait offrir ses services de manière occasionnelle sans forcement y maximiser sa rémunération. Il est donc préférable de laisser employés et employeurs libres de définir les modalités de leur accord, car eux seuls ont une visibilité sur leurs intérêts relatifs.
Le manque de voie de formation pour les travailleurs peu qualifiés est aussi un responsable de ce fléau. Ils sont dans nos pays développés les plus menacés car souvent directement automatisable, comme par exemple l'arrivée des compteurs communicant menacent les milliers d'agent ERDF payés à relever nos compteurs.
Il est donc indispensable de diriger les mesures d'aide pour permettre à ces employés de bénéficier des formations nécessaires afin d'évoluer vers plus de qualification. Comment une structure comme Pole Emploi aussi titanesque soit-elle peut-elle recenser les besoins d'un marché du travail aussi complexe ? La solution est-elle dans toujours plus de centralisation ou bien au contraire dans l'ouverture d'un marché de l'assurance chômage responsable. Les assurances pourraient se spécialiser par secteur, région géographique et devenir de vraies plateformes d'aide au retour à l'emploi qu'un système aujourd'hui rigide et monolithique ne peut assumer.
Enfin, notre système d'aide est une source d'inertie profonde. Paradoxalement, il demande toujours plus, donc plus de taxes pour se financer, créant un cercle vicieux d'un coût du travail toujours plus élevé. La timide réforme de Martin Hirsh sur le revenu universel avançait pourtant dans la bonne direction, celle d'un filet de sauvetage universel tout en conservant une motivation à trouver un travail, cumulant revenue et aide. Une généralisation du système comme cela a été proposée en Inde permettrait d'assainir nos finances publiques tout en créant un levier motivant le retour à l'emploi.
Alors les recettes sont là ? Elles sont expérimentées ailleurs. Pourquoi la France n'a t'elle pas le courage de passer à l'acte ? Manque de culture économique ? Intérêts de groupuscules minoritaires mais organisés parasitant notre appareil de production ? L'heure n'est plus au bouc émissaire du luddisme ou de l'immigration mais à la prise de décision pour rendre au Français leur droit de travailler.