Pour mieux faire passer la pilule, rien ne veut un bon vieux débat. Après avoir provoqué chez les Français un ras-le-bol fiscal, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault annonce, dans une interview au journal Les Echos que « le temps est venu d'une remise à plat, en toute transparence, de notre système fiscal ». Avant de préciser : « A prélèvements obligatoires constants, je le précise bien ». Ouf , on a craint un instant qu'après un pas en avant, il allait reculer de deux pas en arrière !
Trop d'impôts, trop de dépenses ? Parlons-en !
Des discussions vont donc s'engager en ce sens « dans les prochains jours » avec les partenaires sociaux, en vue du budget 2015. Au menu des débats : la fiscalité des ménages et des entreprises, mais aussi le niveau des dépenses publiques (56,6 % de la richesse nationale), l'un des plus élevés d'Europe. Et la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG. « Au terme de la concertation, le gouvernement prendra ses responsabilités comme il l'a fait pour les retraites, et fera ses propositions au Parlement ».
L'idée est visiblement de faire mieux accepter les sacrifices actuels et à venir. « L'effort fiscal n'est pas toujours bien compris et dès que l'on commence à toucher aux dépenses, il y a une inquiétude » reconnait le Premier ministre, qui précise que les économies -15 milliards d'euros prévus en 2014- continueront jusqu'à la fin du quinquennat de François Hollande : 45 milliards d'euros d'économies supplémentaires sont prévus entre 2015 et 2017.
Cette « remise à plat » serait donc un véritable exercice de pédagogie fiscale : « Les Français ont besoin de bien comprendre et d'être éclairés davantage encore sur la situation du pays, sur ses difficultés propres qui ne datent pas d'hier, en disant clairement d'où nous sommes partis et où nous voulons aller ». Si tant est que le gouvernement sache lui-même où il veut aller !
Objectif : "réparer le navire" France
Ces efforts auxquels tous les Français doivent consentir visent à un seul objectif : « réparer le navire » France, endommagé durant ces cinq dernières années de crise.
Mais déjà, d'après Jean-Marc Ayrault, la situation économique tricolore s'améliore : « nous sommes, en Europe et en France, au début d'une reprise économique, lente mais réelle. La perspective de croissance est de 0,4% au 4e trimestre, de l'ordre de 1% l'an prochain et autour de 1,7% en 2015 ».
Interrogé sur les reculades, les couacs et autres confusions qui semblent régner au sommet de l'Etat, Ayrault botte en touche : l'écotaxe ? C'est la faute à Fillon. « Sans doute que le gouvernement précédent s'y est mal pris. L'écotaxe a été conçue en 2009. Il y a des erreurs de conception, de mise en œuvre et un contrat contesté ». La hausse de la TVA au 1er janvier ? Elle « a été décidée et votée il y a un an à la suite du rapport Gallois pour financer le crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE). A l'époque, tout le monde avait salué cette mesure visant à alléger le coût du travail de 20 milliards d'euros. Toutes les entreprises, même petites, vont en profiter ». Alors silence dans les rangs ?! Rompez...