Les 5 et 6 novembre 2013 se tient au Conseil économique, social et environnemental, le 3ème Parlement des Entrepreneurs d’avenir, un réseau de quelques 700 entrepreneurs. Pendant deux jours, 75 personnalités du monde de l’entreprise, patrons de grands groupes comme de PME ou de start-up partageront au cours d’une quinzaine de tables rondes, les solutions qui leur semblent les meilleures pour apporter des réponses aux nouveaux défis du futur. Chaque jour, Economie Matin donne la parole à l’un de ces Entrepreneurs d’avenir qui nous présente sa solution pour construire dès aujourd’hui, l’économie de demain ! Aujourd'hui, Olivier Guilbaud, Président du laboratoire Science et Nature :
Le Laboratoire Body Nature est né par conviction et se développe depuis plus de 41 ans avec passion. L’ensemble de ses acteurs sont remarquables en ce sens qu’ils font rimer motivation et implication chaque jour, dans leurs moindres faits et gestes. Cette alchimie provient certainement des produits proposés, qui sont écologiques et biologiques, mais également d’une vision plus large qui est de proposer des produits sains et sécurisants pour l’homme et pour l’environnement. Une démarche qui fait sens aujourd’hui et qui déteint sur le travail pour donner un véritable sens à celui-ci. Un cap qui n’a pas changé depuis l’origine mais dont la mise en œuvre empreinte des sentiers à défricher au gré de l’actualité, des avancées en matière de recherche & développement, des scandales sanitaires, des prises de conscience, des collaborations pour construire de nouveaux labels… Là est certainement le secret : garder le cap dans un environnement qui se complexifie et ou les grands équilibres sont de plus en plus instables. Une anticipation des règles de demain, par conviction, permet de montrer le chemin : passer des produits BIOdégradables des débuts aux produits BIOlogiques d’aujourd’hui, finalement, rien n’a changé. Les produits restent BIO ! S’adapter en permanence en mettant la barre toujours plus haut, c’est bien cela qui motive nos équipes.
Et qui dit anticipation, paradoxalement, dit également retour à la méthode BSP, le Bon Sens Paysan bien sûr ! Viser l’autonomie énergétique sans véritablement se poser la question du surcoût, c’est se montrer engagé, c’est assumer le fait d’être convaincu que la démarche est la seule valable à long terme, qu’elle ne nécessitera pas d’adaptation brutale liée au cours du pétrole. Cette autonomie est totale aujourd’hui pour le chauffage, par biomasse, pour l’eau, puisée sur place et progresse sur le front de l’électricité (25% d’autosuffisance). Autonomie et intégration de nos activités sont capitales à nos yeux. Innover et nouer des partenariats sur ces sujets est tellement naturel que l’ouverture vers les solutions alternatives et le monde associatif qui peuvent proposer des solutions ou permettre d’échanger sur ces sujets par un partage de bonnes pratiques est permanent. Mettre à disposition quelques m2 de toiture végétalisée pour valider la biodiversité locale avec le CRITT Horticole, quoi de plus évident ? C’est la force du développement qui ne sera durable que s’il est solidaire !
Une maxime évidente pour l’amont, mais également concernant l’aval. A la base, il y a bien entendu l’éco conception des produits : un travail sans relâche qui nous permet de proposer des produits concentrés, à diluer par le consommateur qui participe lui-même à cet engagement. Impliquer ce dernier le rend plus apte à comprendre les enjeux du développement durable. Il se transforme en véritable consomm’acteur et en est fier. Quoi de plus participatif que des clients qui proposent de nouveaux produits, fruits de leurs propres pratiques quotidiennes ? Quoi de plus gratifiant lorsqu’un client explique à sa conseillère distributrice qu’il récupère lui aussi l’eau de pluie, « comme au Laboratoire » ! Rien n’est plus contagieux que l’exemple comme disait La Rochefoucauld. Eh bien nous y sommes. Je suis convaincu que les entreprises du futur sont celles qui anticipent les règles de demain, les construisent, ne se posent pas tant de questions sur des faisabilités ou rentabilités économiques, convaincues qu’elles sont que c’est LA solution.
Une solution qui passe forcément par une implication forte, par le local. La mode du développement durable n’est plus, vive la responsabilité sociale de l’entreprise et ses fameuses parties prenantes ! Il n’empêche, chaque entreprise reste un éco système en interactions avec les mondes qui l’entourent : collectivité locale, fournisseur, client, pouvoir politique, voisins… Prendre conscience de cela est déjà un grand pas. Considérer les intérêts de ces parties prenantes en est un 2ème. Comprendre que la planète Terre fonctionne comme cela depuis son origine et le traduire dans son quotidien, voilà la nouvelle façon d’aborder l’entreprise de demain : une entreprise en osmose avec son territoire (création de filières d’approvisionnement en bois énergie locales, partage de compétences via des groupements d’employeurs…), une entreprise qui agit dans une relation de partenariat plus que de rapport dominant/dominé. Finalement, c’est instaurer un nouveau dialogue. C’est toujours un peu plus humaniser nos relations à l’ère du tout numérique, et cela fait du bien !
Un circuit de distribution est à cet égard remarquable : la vente à domicile. Vendeur à domicile, c’est avoir « un métier d’avance » ! Pourquoi ? C’est simple. La vente à domicile créé du lien social. Quels que soient les produits ou services qui transitent par ce canal, qui est bien plus qu’un canal de distribution pour être également un canal d’échanges, de partages et de recommandations, il en est de même à chaque fois : cette activité donne du sens. Un sens d’autant plus en phase avec son temps puisque nous sommes bien passés d’une société de l’information à une société de la recommandation dans laquelle les liens sociaux ont un rôle majeur. Le réseau social « en chair et en os », humanisé, voilà le vrai visage de la vente à domicile. Prendre du plaisir en travaillant, c’est possible puisque la notion de travail est dépassée pour intégrer la dimension de faire du bien à autrui.
La déshumanisation de nos sociétés trouve ici un contrepoids extraordinaire qui ne demande qu’à s’exprimer et à se développer. Il est loin le temps du colporteur du Moyen-Âge, apportant soie et épices des contrées exotiques, introuvables par ailleurs. Aujourd’hui, les soies et les épices sont à la portée de tous, d’un clic de souris ou d’un chariot de supermarché. Nous ne cherchons plus de denrées rares. Non. La quête est ailleurs ! Elle est faite de recherche de contacts, de dialogue, bref, de relations humaines, de « richesses humaines ». Ce principe est vrai côté consommateur mais bien plus encore côté vendeur. Maintenir des emplois locaux, favoriser l’accès à un métier sans barrière à l’entrée si ce n’est l’envie de se lever la matin, surmontable à quiconque possède un zeste de motivation, proposer des produits de qualité dans une relation directe où on ne peut pas tricher si on veut perdurer, favoriser un circuit court, du producteur au consommateur qui permet d’expliquer les compositions des produits, de raconter les process de fabrication, c’est incroyable, mais ça fonctionne !