L'Azerbaïdjan est le premier pays au monde à avoir extrait du pétrole de son sol, il y a un siècle et demi. En 1901, il totalisait 60 % de la production mondiale d'or noir. S'il s'est depuis découvert de sérieux concurrents comme la Russie, l'Arabie saoudite, les Etats-Unis ou l'Iran, il reste à ce jour parmi les 20 plus gros producteurs au monde. Pas mal, pour un pays de 9 millions d'âmes. Pas mal mais pas suffisant. Ces dernières années, le pays s'est lancé dans une politique de diversification de son économie. Sa croissance a été de 5,7 % en 2013. 1,3 % dans le secteur pétrolier. 9,5 % dans les autres secteurs.
"Le principal défi de l'Azerbaïdjan dans les prochaines années consistera à diversifier son économie, ce pays demeurant à ce jour en situation de dépendance quasi-exclusive à l'égard du secteur énergétique." Voici ce qu'indique le site diplomatie.gouv.fr à propos des enjeux qui se présentent au pays d'Ilham Aliyev. Difficile de s'opposer à ce constat. Perméables aux fluctuations des cours de matières premières, les comptes extérieurs azerbaïdjanais sont instables, et entraînent d'importantes oscillations de la situation macro-économique. Si la croissance a fait un bond de 35 % en 2006, elle a enregistré un recul de 1,1 % en 2011. Et pour cause, le secteur énergétique représente la moitié du PIB d'Azerbaïdjan, et 92,8 % de ses revenus d'exportation.
Un effet yoyo que le pays veut combattre. Et contre lequel il a déjà commencé à lutter, en fait. Nombreux sont les secteurs dans lesquels l'Azerbaïdjan commence à s'imposer comme acteur incontournable. Celui des technologies de l'information et de la communication (TIC) est de ceux-là.
En 2013, hop, l'Azerbaïdjan a envoyé son premier satellite dans l'espace. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Dans le dernier rapport annuel du Forum économique mondial, l'indicateur NRI (Global Network Readiness), qui analyse à quel point les pays sont préparés à l'utilisation effective des TIC, upgrade largement le pays. Sur 148 pays passés au crible, l'Azerbaïdjan passe du 56e au 49e rang, et se place donc devant l'Italie (58e), la Chine (62e), le Brésil (69e) ou encore le Mexique (79e). L'Azerbaïdjan occupe la première place pour la couverture du réseau mobile, il est aussi premier dans la Communauté des Etats indépendants (CEI) en termes de développement de l'innovation, 35e au niveau mondial.
L'agriculture n'est pas en reste. Le pays est traditionnellement tourné vers l'exploitation de ses ressources agraires. 44 % de la population travaille dans ce secteur. Des programmes d'Etat on vu le jour, visant à mettre au profit de cette catégorie socioprofessionnelle de nouvelles technologies. Et ça paye. La production de produits de l'agriculture était 34 % plus importante en 2011 qu'en 2003. En 2013, l'agriculture représentait 5,3 % du PIB national.
En 2013 toujours, 46,5 % du PIB du pays a été produit dans les domaines industriels, dont 11,7 % dans les BTP. Au cours des dernières années, le nombre d'emplois dans le bâtiment a été multiplié par plus de trois. Les projets fleurissent, qu'il s'agisse de la construction d'un nouveau port à Bakou, la capitale, d'un stade de football, d'un musée d'art moderne... De nombreuses sociétés azerbaïdjanaises ont remporté des appels d'offres publiques dans d'autres pays, comme en Russie, en Ukraine, en Géorgie ou encore au Kazakhstan.
Et pour bien faire comprendre au reste du monde que le pays n'est pas touché par le syndrome hollandais, l'Azerbaïdjan se démène aussi pour faire vivre son industrie manufacturière. Machines et équipements électriques, produits chimiques industriels, matériaux de construction, produits textiles etc., sont autant d'industries soutenues par le pays. Des millions de dollars sont perfusés pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises se livrant à ces activités.
Ne nous voilons pas la face. Si l'Azerbaïdjan peut se permettre ces largesses, c'est que tous les secteurs de son économie sont portés à bras le corps par le secteur pétrolier. Il n'est toutefois pas interdit de trouver le choix du pays de se détourner du modèle rentier courageux. Après tout, rien n'empêchait les Azerbaïdjanais de rester dans la facilité, se gavant des revenus du pétrole jusqu'à ce que tarissement des ressources s'en suive, au mépris des générations futures. Courageux et pertinent. Au rythme où vont les choses, d'ici 2015, le secteur pétrolier ne représentera plus que 29,3 % du PIB, contre près de 50 % actuellement. La part du secteur non pétrolier, elle, devrait passer à 61,3 %.
En 2012, Ilham Aliyev confessait son souhait de voir le PIB du pays multiplié par deux en 10 ans, grâce au secteur non pétrolier. Un voeu qui a de fortes chances de se réaliser, si la gestion des ressources continue sur cette lancée.