La Grande Bretagne emprunte sur 34 ans et bientôt peut être sur 50 ans

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Par Laure De Charette Modifié le 11 décembre 2013 à 4h51

Une décision en apparence de long terme, mais en réalité plutôt court-termiste. Le Royaume-Uni a procédé hier à une émission d'obligations indexées sur l'inflation d'une maturité de trente-quatre ans (qui arrive donc à échéance en 2047 !). Le Trésor a ainsi pu emprunter 1 milliard de livres sterling à un taux extrêmement bas, de 0,039 %. Imbattable !

Mieux, certains investisseurs ont déjà fait savoir qu'ils achèteraient volontiers prochainement de tels titres d'une maturité de plus de cinquante ans !

Le pays veut se protéger du risque d'inflation

De quoi s'agit-il ?

Ces obligations se distinguent des obligations non-indexées car les paiements qu'elles génèrent sont indexées sur l'indice d'inflation, c'est-à-dire que le détenteur est protégé contre le risque d'inflation pendant toute la durée de vie de l'obligation et qu'il s'assure ainsi un rendement réel.

La Grande-Bretagne est le premier Etat industrialisé à avoir émis des obligations indexées sur l'inflation, en 1981.

Cela lui permet de réduire ses coûts d'emprunt et de renforcer la crédibilité de sa politique de stabilité monétaire en diversifiant ses investisseurs. Aujourd'hui, ces obligations représentent près de 25 % de la dette obligataire d'État en Grande-Bretagne.

Depuis, d'autres gouvernements s'y sont mis : le Canada (1991), les Etats-Unis (1997) ou l'Allemagne (2006).

La France aussi affectionne ce type d'obligations

En France, c'est en 1998 qu'a été émise la première obligation indexée sur l'inflation française. Trois ans plus tard, le pays émettait sa première obligation indexée sur l'inflation européenne. En 2013, l'encours des obligations indexées représente environ 16% du total des obligations en cours, soit environ 160 milliards d'euros.

Sur la période 1998-2004, il a été calculé que ce programme d'obligations a permis de réaliser un gain de 120 millions d'euros, positif donc mais limité pour l'Etat français.

Le problème, c'est que comme l'explique Didier Marteau, professeur d'économie à l'ESCP Europe dans le Cercle Les Echos, « les États bénéficient à court terme d'une réduction significative de la charge d'intérêt de la dette dans le budget » mais cela se fait « en contrepartie d'un accroissement du capital à rembourser à une échéance éloignée ».

Et de conclure : « En quelque sorte, les États substituent discrètement un engagement de long terme à un engagement de court terme ». On vous le disait !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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