C’est évidemment une information à côté de laquelle vous n’êtes certainement pas passés. Alors après les hauts cris, et avec quelques jours salutaires de recul, il est important de revenir et d’analyser avec lucidité cette nouvelle donne économique et les risques que cette nouvelle notation matérialise notamment pour votre épargne.
Les mots exacts de l’agence Standard & Poor’s
Comme à chaque fois, il est de bon ton d’expliquer que c’est le thermomètre qui a tort, que, comme le dit le gouvernement, la notation du prof est injuste, et que le correcteur n’a pas compris le sens de l’action gouvernementale.
Est-ce la France qui a été dégradée ou la politique du gouvernement ? Très clairement les deux, car on ne peut pas faire, hélas, de distinction entre la France et la politique gouvernementale, que cela plaise ou non. Et c’est d’ailleurs l’un des mensonges en terme de communication sur ce sujet.
L’analyse de l’agence de notation est parfaitement compréhensible pour celles et ceux qui regardent avec objectivité notre situation financière. C’est une évidence. Je dirais même que le commentaire est parfaitement pondéré et que je fais partie de ceux qui pensent que les agences de notation font encore preuve d’une bienveillance bien trop grande à l’égard d’États – la France n’est pas la seule dans ce cas, loin de là – surendettés et, disons-le, au bord de la banqueroute généralisée.
« Nous estimons que les réformes engagées dans les domaines de la fiscalité, du secteur des biens et services et du marché du travail n’amélioreront pas sensiblement les perspectives de croissance de la France à moyen terme, et que la persistance d’un taux de chômage élevé affaiblit le soutien populaire en faveur de nouvelles mesures d’envergure en matière de politique budgétaire et de réformes structurelles. »
Comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? Nous en sommes à des réformettes alors que notre situation exige une refonte profonde de l’ensemble du fonctionnement de notre système économique.
Je vous passe l’ensemble de l’argumentaire de l’agence de notation S&P. Ceux qui le souhaitent pourront néanmoins aller consulter le document PDF de 3 pages. Prenez le temps de le lire car il est particulièrement instructif sur nous-mêmes.
En gros, nous sommes déjà sur les niveaux d’impôts et de prélèvements les plus élevés de l’OCDE. Nous avons tous les records. 53 % d’impôts sur le PIB, 4 % de déficit ce qui nous fait bien une dépense publique de 57 % du PIB… Hélas, comme dans le jeu télévisé : « Le chiffre est bon ! »
Pour S&P, diminuer les dépenses va s’avérer aussi difficile qu’augmenter les impôts devient impossible tant la grogne fiscale atteint des sommets.
C’est notre impuissance face à la situation qui déclenche cette nouvelle dégradation
La drôate avait été critiquée par la gôche lors de la première dégradation de la note souveraine de notre pays. Aujourd’hui, les discours sont exactement les mêmes… mais inversés. Le jeu de communication politique se poursuit invariablement, comme un vieux disque rayé entre une drôate discréditée et une gôche incompétente et pleine de lâcheté.
Il y a quelques jours, je vous faisais remarquer qu’avec la fronde bretonne, le recul sur l’écotaxe, ou encore sur la taxation rétroactive de l’épargne, notre gouvernement était tout simplement coincé. Il est devenu impuissant. Nous sommes, car il s’agit d’une responsabilité collective, devenus impuissants.
L’État, notre pays, c’est vous, c’est lui, c’est elle, c’est moi, c’est chacun d’entre nous. Nous sommes la France et nous sommes l’État. Parfois, nous cotisons et payons. Parfois, nous recevons et bénéficions d’un avantage. Naturellement, nous voulons payer le moins possible et recevoir le plus possible. Au bout d’un certain temps, cette schizophrénie financière, aggravée par des politiques irresponsables, nous conduit droit dans le mur, à savoir la faillite, qui sera l’aboutissement logique de tout ce processus à l’œuvre depuis 40 ans.
Notre gouvernement est donc devenu impuissant. Impuissant pour lever plus d’impôts. Impuissant pour réduire significativement les dépenses de notre pays. Incapable (à gauche comme à droite) de maîtriser le coût d’un État-providence devenu obèse, une obésité morbide comme disent les médecins.
Augmentez les impôts et la France qui travaille se rebiffe. Baissez les aides, et la France de la dépense publique se rebelle. Il n’y a plus ni bons choix ni bonnes solutions en restant dans le cadre convenu actuel, ce que s’empresse de faire un gouvernement sans imagination et un président à la stature d’un Daladier.
C’est cette impuissance, cette impossibilité à avancer, ces blocages qui sont, à très juste titre, sanctionnés par l’Agence de Notation S&P tant ils accélèrent le moment où notre « trajectoire », concept cher à nos mamamouchis actuels, nous conduit tout droit et de plus en plus vite vers le gouffre béant de la banqueroute de notre État-providence.
Voilà comment tout ceci est résumé par S&P :
« Dans le même temps, il nous semble que les pouvoirs publics disposent désormais d’une marge de manœuvre réduite pour augmenter les recettes. Le mécontentement grandissant de l’opinion publique face au poids croissant de la fiscalité a récemment conduit à des revirements de politique fiscale.
Comme nous estimons également que la latitude du gouvernement pour réduire significativement les dépenses sur la période 2013-2016 est limitée, nous pensons que la marge de manœuvre budgétaire de la France s’est réduite. Auparavant, nous la considérions comme élevée au regard des pays comparables. »
Les agences de notation ont toutes commis la même erreur, à savoir qu’en France, s’il y a un truc qui marche parfaitement, c’est l’administration fiscale et notre capacité à lever toujours plus d’impôts avec l’accord bienveillant d’une population soumise et convaincue que son bonheur collectif passe par le coût élevé nécessaire au maintien et au développement d’une politique sociale aussi généreuse que possible.
Sauf que cette grille de lecture vole en éclat depuis quelques années sans que les dirigeants, mamamouchis français ou élites européennes ou encore économiques, ne se rendent compte du gouffre béant qui s’ouvrait entre une France qui travaille et une France de cigale. Ces deux France ne se parlent plus, ne se reconnaissent plus les unes et les autres, que cela plaisent ou non, que vous soyez pour ou contre, le fait est, et les faits sont têtus, que les uns ne veulent plus payer pour les autres.
L’esprit de Munich est à l’œuvre pour à nouveau détruire notre pays
Comme je vous le disais, nous faisons face à un François Hollande ayant revêtu les habits d’un Daladier. Comme Daladier en son temps, Hollande, homme des motions de synthèse autour du plus petit dénominateur commun et non pas homme de rupture, est prisonnier de son temps, de son époque, et accompagne une fin de cycle.
« Les informations communiquées par l’État-major concernant la faiblesse de l’aviation française, le désir de ne pas engager le pays sur la voie d’une nouvelle et cruelle guerre mondiale, le fort courant pacifiste l’incitent à se résoudre à ratifier cet accord… » Voilà ce que l’on dit aujourd’hui de Daladier.
Voilà cet esprit de Munich qui souffle à nouveau sur notre pays pour mieux le réduire et le détruire d’ici quelques temps. Fatalisme, manque de confiance en nous, absence de courage, préservation à tout prix d’équilibres pourtant condamnés, défaitisme.
Cette fois-ci, nous ne risquons pas d’être envahis par l’Allemagne, puisque comme chacun sait les Zallemands sont nos grands zamis. Nous risquons tout simplement de faire faillite, de perdre la « guerre » économique et de voir ces France multiples s’affronter entre elles, ce qui est l’un des pires scénarios (pièce centrale d’ailleurs des derniers exercices militaires suisses).
Votre épargne en danger
Dans un tel contexte, pas besoin d’être un grand devin pour savoir que votre épargne est en danger.
Les dangers auxquels l’épargnant est soumis sont assez nombreux.
Risque fiscal avec une augmentation de toute façon inéluctable des prélèvements.
Risque de contrepartie avec un État qui peut faire faillite et qui, en ce qui me concerne, fera faillite. Alors détenir des obligations souveraines n’est pas à proprement parler la meilleure idée du siècle en termes patrimoniaux.
Risque monétaire car il est peu probable que l’euro, monnaie unique ou commune peu importe, puisse survivre à une banqueroute française.
D’ailleurs, l’agence S&P vient de dégrader à son tour le FESF, le Fonds européen de stabilité financière, ce qui est une conséquence logique de la dégradation de la France puisque notre pays est le deuxième contributeur du fonds de sauvetage européen. Il ne peut y avoir cette Europe-là sans la France. Et encore une fois, la fin de l’Europe et de l’euro viendront sans doute de la faillite économique de la France.
Risque de revenus évident pour tous ceux qui dépendent de la dépense publique avec des aides, traitements, salaires, pensions, prestations qui pourraient ne plus être versées ou de façon réduite dans un avenir désormais assez court.
Risque d’augmentation des taux, puisque contrairement à ce qui est dit, à savoir que notre pays se finance toujours à très bas prix, le taux d’emprunt à 10 ans a bondi de plus de 10 % à la suite de notre dégradation. Emprunter plus cher, c’est plus de charge de la dette, c’est encore plus d’argent à trouver, plus de déficit ou plus d’impôts, ou moins de dépenses, c’est encore plus de récession et encore moins de rentrées fiscales, bref… c’est le scénario de mort à la grecque. Nous y sommes. Nous sommes dans ce processus mortifère.
D’ailleurs, l’agence Standard & Poor’s ne nous cache aucun élément puisque dans son communiqué, elle nous explique avec transparence selon quelles conditions elle serait amenée à augmenter notre note ou encore à la diminuer.
« Nous pourrions abaisser la note de la France si, contrairement à nos attentes actuelles, le déficit public se creusait sensiblement au-delà de nos prévisions, ou si nous considérions que l’engagement des pouvoirs publics de contenir l’endettement faiblissait, ou si la concrétisation d’engagements potentiels portait la dette publique nette au-delà de 100 % du PIB. Nous pourrions également abaisser la note de la France si nous constations une nouvelle détérioration des conditions de financement, dans ou hors de la zone euro, menaçant de manière importante et inattendue la stabilité financière du pays.
À l’inverse, nous pourrions relever la note de la France si la dette nette passait au-dessous de 80 % du PIB ou si une amélioration réelle de la compétitivité économique induisait une croissance supérieure à nos prévisions actuelles. »
Alors avant que notre dette diminue sensiblement et que notre croissance soit très forte, il est plus que probable que notre note soit à nouveau dégradée et cela est parfaitement logique, car nous sommes dans la chronique annoncée de la faillite de la France. C’est un drame, mais aucun drame n’a jamais été stoppé avec un « esprit de Munich », et hélas, pour nous tous, c’est celui qui souffle sur nos mamamouchis.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez-bien !!