Sécurité routière : zéro alcool sur nos routes

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Par Dimitri Proust Publié le 12 février 2016 à 12h41
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@shutter - © Economie Matin
51 %Seulement 51 % des conducteurs connaissent le taux limite légal d'alcool sur la route.

De nos jours, l’alcool est, avec la vitesse, le facteur comportemental qui cause le plus de morts sur nos routes. Une réflexion s’impose donc à ce sujet. Une première depuis 35 ans : en 2015, le nombre d'accidents corporels a baissé de 3,6 %, néanmoins, la mortalité, elle, est en hausse de 2,4 %, avec 3 464 personnes tuées. Ce bilan est - entre autre - le reflet d'une hausse de certains comportements à risque qui transforment un accident grave en accident mortel.

L’alcoolémie légale en France, fixée à 0,5g/l de sang au bout de deux années de permis, est une source de questionnements pour la plupart des usagers de la route. Des interrogations légitimes qui nuisent immanquablement à l’efficacité du discours préventif. Il est en effet compliqué et périlleux d’inviter les conducteurs à boire « modérément » avant de conduire, cette « modération » étant difficilement traduisible en consommation concrète. C’est sans doute ce qui explique que le discours ambiant soit, lui, sans équivoque : « Celui qui conduit, c’est celui qui ne boit pas ! » Il n’a jamais été question de celui qui boit peu…

C’est en menant des actions de terrain afin de confronter les usagers à certains pièges de la route à l’aide d’un simulateur de conduite sur l’événement PrévenTour, qu’Euro-Assurance a pu mesurer à quel point la confusion règne dans les esprits. Lors du dernier PrévenTour, une enquête de terrain a été menée*. Il en ressort que 84% des répondants sont convaincus de savoir quel est le taux d’alcoolémie légal alors qu’ils ne sont que 51% à le connaître réellement. De plus, à la question, « Sur quels sujets de prévention faut-il prioritairement sensibiliser les usagers de la route ? », c’est l’alcoolémie qui arrive en première position, devant les stupéfiants et le téléphone au volant. ** L’alcool paraît être le sujet à prioriser ; il est donc nécessaire de sensibiliser les usagers face à ce danger.

Cela commence par rappeler que l’alcoolémie n’est qu’un taux, elle est par essence soumise à un nombre considérable de variables. Des facteurs qui font qu’il est très difficile de savoir où l’on en est, à moins de pouvoir le mesurer directement avec un éthylotest. C’est en effet une réalité physiologique, nous ne sommes pas égaux face à l’alcool : le poids, l’âge, le sexe, la condition physique (interactions possibles avec médicaments, individu à jeun ou ayant pris un repas, état de fatigue, etc.) influent sur l’alcoolémie. A quantité ingérée équivalente, les taux mesurés seront très disparates. Si l’on ajoute à cela le temps de dissipation de l’alcool qui diffère aussi fortement selon les individus, l’équation devient proprement insoluble.

Autre point qui devrait alimenter notre réflexion et faire bouger les lignes : les méfaits de l’alcool, parmi lesquels un temps de réaction plus long et un champ de vision diminué, sont déjà présents dès le premier verre. L’alcoolémie n’est qu’une limite, un repère qui ne signifie pas pour autant que rien ne se produit sous ce taux. C’est un garde-fou nécessaire qui entretient cependant le flou sur les dangers liés à l’alcool au volant. Cela insinue dans les esprits qu’à 0,45g/l de sang, un motard ou un automobiliste aurait les mêmes aptitudes qu’en étant sobre, ce qui est évidemment faux.

Si l’on prend en considération toute cette complexité, on comprend pourquoi le discours de prévention autour de l’alcool au volant est parfois brouillé, voire inaudible. Par contraste, avec une alcoolémie légale strictement fixée à zéro, le discours autour des solutions alternatives ressortirait plus clairement. Désigner un conducteur qui ne boit pas, prendre les transports en commun, dormir sur place, appeler un taxi…les options ne manquent pas.

De toute évidence, un taux d’alcoolémie à zéro ne serait pas une mesure populaire. Elle serait perçue comme arbitraire et comme une énième atteinte aux libertés individuelles. Si une telle loi devait être adoptée, il faudrait faire preuve d’une infatigable pédagogie pour en expliquer les motivations. Néanmoins, les moeurs évoluent et les usagers de la route se responsabilisent progressivement. La sauvegarde de vies humaines impose à minima que la réflexion soit approfondie et le débat lancé.

*Enquête terrain PrévenTour 2015. Nombre de répondants : 256. Sexe : 54 % d’hommes et 46 % de femmes. Âge : 90% entre 18 et 60 ans, 6% de plus de 60 ans et 4% de moins de 18 ans. Date du permis : 59 % depuis plus de 5 ans, 29 % depuis moins de 5 ans, 4 % en conduite accompagnée, 1 % en conduite supervisée et 7 % n’ont pas leur permis (en apprentissage de la conduite en auto-école).

** Méthodologie : il a été demandé aux répondants de classer 7 thématiques de la plus importante à la moins importante : L’Alcoolémie, les stupéfiants, l’usage du téléphone au volant, la vitesse, la fatigue, le respect du code de la route et l’état et l’entretien du véhicule. Les points ont ensuite été attribués de manière dégressive (premier critère = 7 pts, deuxième critère = 6 points, etc.).

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Chargé de communication corporate, EURO-ASSURANCE

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