La 6ème édition des Journées de l’économie (Jeco) de Lyon ouvre ce jeudi 14 novembre. Mario Monti sera le grand témoin de cette édition déclinée autour d’un fil rouge, « Reconstruire la confiance » ! Les Jeco, organisées par la Fondation pour l’Université de Lyon, proposent aux citoyens des clés pour mieux comprendre le monde qui les entoure grâce à un éclairage économique.
6000 personnes sont attendues cette année encore pour participer aux 60 conférences au cours desquelles universitaires reconnus, chefs d’entreprises, personnalités politiques et journalistes confronteront leurs points de vue. Chaque jour, un expert vous présentera une de ces conférences! Aujourd’hui, Michel Aglietta répond à une question qui fait débat : « Peut-on éviter les crises financières »
Peut-on éviter les crises financières ?
Pour éviter les crises financières il faut neutraliser les marchés financiers. De la fin de la seconde guerre mondiale aux années 1970, il n’y a eu aucune crise financière en Europe. Le financement était bancaire, les conditions de crédit étaient réglementées, les Etats contribuaient au financement des investissements structurants et les contrôles des mouvements de capitaux permettaient aux pays de mener des politiques monétaires autonomes sous les règles communes de Bretton Woods. La globalisation financière a détruit cet ordre de l’après-guerre qui a soutenu 30 ans de prospérité.
La globalisation financière n’existe que par les marchés. Il n’est donc plus question de les neutraliser. Les marchés financiers sont intrinsèquement instables. Leur dynamique auto-réalisatrice engendre des cycles financiers de grande ampleur et de longue durée (15 à 20 ans), largement déconnectés de la conjoncture macroéconomique réelle. La dynamique est nourrie par une spirale de hausse des anticipations de prix des actifs financés à crédit. Elle accumule des vulnérabilités structurelles et dynamiques dans les systèmes financiers, qui restent cachées tant que l’euphorie se poursuit. Les crises sont donc endogènes. Ce sont les périodes de retournement des phases haussières des cycles financiers. La crise de 2007-08 a été meurtrière parce que les vulnérabilités étaient extrêmes dans le système des banques internationales.
Pour éviter que les crises deviennent systémiques et donc menacent les économies d’effondrement, il faut apprendre à modérer l’accumulation des vulnérabilités dans les systèmes financiers. Ce sont de nouvelles politiques appelées macro prudentielles.
Crises financières : les éviter, non ; les maîtriser, oui !
Les vulnérabilités structurelles sont les formes de risque exposées aux défauts de coordination qui sont des nids de risque systémique. Elles proviennent des chaînes de risque de contreparties dans les transferts de risque de gré à gré. Les vulnérabilités dynamiques viennent de l’augmentation excessive du levier des emprunteurs et des banques, ainsi que des distorsions dans les échéances entre l’actif et le passif des intermédiaires de marché.
La politique macro prudentielle cherche à dissuader les attitudes de prise de risque excessive en période d’euphorie pour éviter les paniques destructrices dans les retournements. Elle peut le faire en limitant l’endettement des ménages emprunteurs et en imposant des contraintes modulées aux banques sur leur capital, leurs réserves obligatoires et leur liquidité.
Michel Aglietta, Professeur émérite de sciences économiques, Université de Paris Nanterre et Cepii
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