Destin de l’UE : la lumière sombre des mythes anciens

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Par Benjamin Szlakmann Publié le 29 juin 2016 à 5h00
Brexit Europe Destin Civilisation Europeenne
@shutter - © Economie Matin
51,7 %Les Britanniques ont voté à 51,7 % en faveur d'un Brexit.

Le tremblement de terre annoncé a donc eu lieu : le Royaume-Uni va quitter l’UE. Si les conséquences économiques et financières de ce départ pourront sans-doute être maitrisées, le projet politique de l’UE, la confiance en son avenir, sont fortement ébranlés.

Car cette sortie est tout sauf un accident. Elle est le fruit d’une volonté collective, la décision mûrement réfléchie d’un peuple réputé pour son pragmatisme. Elle est en fait l’énième secousse – la plus forte – de l’onde eurosceptique qui traverse le Vieux Continent depuis les premiers « non » au Traité de Lisbonne.

Le vieux rêve de Victor Hugo, qui s’était joliment dessiné depuis l’après-guerre, est en danger. Et l’on songe alors au spectre de 4 mythes funestes d’inspiration grecque et biblique.

La Tour de Babel

L’ouverture récente de l’Union aux pays d’Europe centrale et aux pays baltes a porté à 28 le nombre d’Etats membres et à 24 le nombre de langues officielles… Ainsi les documents publiés par le Parlement européen sont systématiquement traduits en 24 langues, rendant possible 552 combinaisons linguistiques… A l'oral, pas moins de 23 langues sont utilisées lors des sessions plénières au Parlement. En 2015, les frais de traduction étaient estimés à 330 millions d’euros et ceux consacrés à l’interprétariat atteignaient 117 millions. Les esprits rêveurs diront que cette pluralité linguistique est une chance, une richesse. Les réalistes diront que la bureaucratie est un problème. Pourquoi n’avoir pas simplement opté pour une, voire deux langues officielles ?

Le Cheval de Troie

L’entrée massive de migrants (760.000 en 2015, plus de 110.000 en 2016) est perçue par nombre d’Européens comme une menace pour la cohésion culturelle du continent. Le mot d’ « invasion » a même été lâché. Bien sûr, derrière ces mouvements de population ne se cache pas, comme dans le récit d’Homère, la ruse planifiée d’un ennemi bien identifié. Cet afflux est bien le résultat tragique de guerres (Syrie, Irak, Afghanistan, Somalie, etc.) et, en contrepoint, de la force d’attractivité de l’Occident. Reste que nombre d’Européens craignent de connaitre un destin similaire à celui des Troyens : la disparition en tant que bloc civilisationnel.

Le Colosse aux pieds d’argile

Oui, l’UE est la première puissance économique du monde. Mais qu’en est-il sur le plan politique et démographique ? Sa population vieillit, surtout en Allemagne et en Italie, son influence faiblit, en Afrique notamment, sa voix dans le conflit syrien est inaudible, son cap de politique étrangère illisible… Autre menace rampante, le grignotage du pouvoir des Etats de l’Union par le bas. Partout en effet, les mouvements autonomistes gagnent des batailles : SNP en Ecosse, Flamands de la N-VA en Belgique, Ligue du Nord en Italie, séparatistes en Catalogne, nationalistes en Corse… Entre régionalistes, souverainistes et « citoyens du monde » autoproclamés, ils semblent rares ceux qui, dans l’UE, se considèrent simplement, et prioritairement, citoyens européens.

L’Atlantide

Le mythe de l'Atlantide raconte l’histoire d’une terre prospère, d’une civilisation brillante disparue, au moins symboliquement, au fond des mers… L’UE sera-t-elle l’Atlantide du 21e siècle ?

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Benjamin Szlakmann est Entrepreneur, Fondateur de l'agence TinkTank (conseil en communication et affaires publiques) et Analyste @Wikistrat

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